Nouvelles des missions extraites des lettres édifiantes et curieuses : missions de l'Amérique

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( 14 ) journée plus loin pour l'année suivante, brûlent le bois qu'ils ont abattu, et plantent leur manioc à l'ordinaire. C'est ainsi qu'ils vivent pendant des trente ou quarante ans. C'est ce qui rend leur vie fort courte : la plupart meu rent assez jeunes, et l'on ne voit guère qu'ils aillent au-delà de quarante-cinq ou cinquante ans. Cependant, malgré toutes les incommodités inséparables de ces fréquens voyages, ils aiment extrêmement cette vie vagabonde et errante dans les forêts. Comme rien ne les attache à l'endroit où ils sont, et qu'ils n'ont pas grands meubles à porter, ils espèrent toujours être, mieux ailleurs. A mon retour à Ouyapoc je fus bien consolé d'apprendre par une lettre du père Lombard que le père Caranave avoit déjà baptisé la plus grande partie des Gaiibis répandus le long de la côte, depuis Kourou jusqu'à Sinnamari, et qu'il se disposoit à faire un établissement solide aux environs de cette rivière. D'autres lettres de Cayenne m'apprennent que le père Fourré va se consacrer à la mission des Palikours. Cette nation mérite d'autant plus nos soins, qu'étant peu éloignée de nous, elle e s t , pour ainsi dire, à la porte du ciel, sans qu'on ait pu jusqu'ici la leur ouvrir. Quant au père Dautillac, vous ne sauriez croire ce qu'il lui en coûte de peines et de fatigues pour rassembler dans Ouanari les Indiens du voisinage, c'est-à-dire, les Tocoyennes, les Maourious et les Maraones. Il faut avoir un zèle aussi solide el aussi ardent que le sien pour ne s'être point rebuté des diverses contradictions qu'il a eues à essuyer et auxquelles il n'avoit pas lieu de s'attendre-


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