Nouvelles des missions extraites des lettres édifiantes et curieuses : missions de l'Amérique

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( 208 ) poc ne m'a pas permis de faire autant de découvertes que j'aurois souhaité. Le pays est d'une vaste étendue, et habité par quantité de diverses nations indiennes. On vient depuis peu d'en découvrir une qui est très-nombreuse, et qui est établie à deux cents lieues du fort d'Ouyapoc; c'est la nation des Amikouanes, que l'on appelle autrement les Indiens à longues oreilles. Ils les ont effectivement fort longues, et elles leur pendent jusque sur les épaules. C'est à l'art, et non pas à la nature, qu'ils sont redevables d'un ornement si extraordinaire, et qui leur plaît si fort. Ils s'y prennent de bonne heure pour se procurer cet agrément ; ils ont grand soin de percer les oreilles à leurs enfans; ils y insèrent de petits bois pour empêcher que l'ouverture ne se ferme, et de temps en temps ils y en mettent d'autres toujours plus gros les uns que les autres, jusqu'à ce que le trou devienne assez grand à la longue pour y insinuer certains ouvrages qu'ils font exprès, et qui ont deux à trois pouces de diamètre. Cette nation, qui a été inconnue jusqu'ici, est extrêmement sauvage; on n'y a aucune connoissance du feu. Quand ces Indiens veulent couper leurs bois, ils se servent de certains cailloux qu'ils aiguisent les uns contre les autres pour les affiler, et qu'ils insèrent dans un manche de bois, en guise de hache. J'ai vu à Ouyapoc une de ces sortes de haches : le manche a environ deux pieds, et au bout il y a une échancrure pour y insérer le caillou : je l'examinai ; mais, bien qu'il soit mince, il me parut peu tranchant. J'ai vu aussi un de leurs pendans d'oreille : c'est un rouleau de feuilles de palmiste d'un pouce de large; ils


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