Nouvelles des missions extraites des lettres édifiantes et curieuses : missions de l'Amérique

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( 8 ) génie a pensé de nous : Qu'ils me connoissent, qu'ils m'aiment, qu'ils m'honorent et qu'ils m'obéissent; pour lors je les ferai entrer dans mon illustre félicité. » Si je voulois vous dire dans leur style que vous auriez bien de la peine à apprendre la langue sauvage, voici comme il faudroit m'exprimer : « Je pense de v o u s , mon cher frère : Qu'il aura de peine à apprendre la langue sauvage ! » La langue des Hurons est la maîtresse langue des sauvages; e t , quand on la possède, en moins de trois mois on se fait entendre aux cinq nations iroquoises. C'est la plus majestueuse et en même temps la plus difficile de toutes les langues des sauvages. Cette difficulté ne vient pas seulement de leurs lettres gutturales, mais encore plus de la diversité des accens ; car souvent deux mots composés des mêmes caractères ont des significations toutes différentes. Le P. Chauniont, qui a demeuré cinquante ans parmi les Hurons, en a composé une grammaire, qui est fort utile à ceux qui arrivent nouvellement dans cette Mission. Néanmoins un Missionnaire est heureux, lorsque avec ce secours, après dix ans d'un travail constant, il s'exprime élégamment dans cette langue. Chaque nation sauvage a sa langue particulière : ainsi les Abnakis; les Hurons, les Iroquois, les Algonquins, les Illinois, les Miamis, e t c . , ont chacun leur langage. On n'a point de livres pour apprendre ces langues, e t , quand on en auroit, ils seroient assez inutiles : l'usage est le seul maître qui puisse nous instruire. Comme j'ai travaillé dans quatre Missions différentes de sauvages, savoir : parmi les Abnakis, les Algon-


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