Tricentenaire des Antilles : Guadeloupe 1635-1935

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— 90 — tent le lieutenant et l’Enseigne; les soldats sont en quelques mauvaises cases de paille. Il y a en très méchant état, pour serrer les munitions, un magasin bâti de bois. La garnison de ce fort est une compagnie qui ordinairement ne passe pas trente hommes. Ils y souffrent beaucoup, le potage et la viande n’y étant pas connus. Ils ne vivent que de poissons, de coquillages et de mauvais gibiers quand ils peuvent en tuer. Les insectes, appelés moustiques et maringouins, les désolent pendant toute l’année, et l’air de ce réduit est si mauvais que la garnison se voit sans cesse accablée de fièvre ou autres maladies. Les compagnies y viennent alternativement de la Basse Terre de la Guadeloupe passer chacune une année. Pour mettre en état de défense ce nommé fort Louis de la Grande Terre, il faut à chaque pointe un ouvrage en queue d’hirondelle, approchant par la gorge le corps de la place qui doit être ou une étoile ou un carré parfait, ou telle autre figure régulière qui puisse flanquer et défendre les branches des queues d’hirondelle. Du plus étroit, le terrain permettra de s’étendre par quelques fondations un peu élevées. Dans les ouvrages à queue d’hirondelle seront les logements des officiers et soldats de la garnison. La citerne restera où elle est dans le corps de la place ainsi que les magasins qu’il faudra bâtir de bonnes pierres. A cént pas, derrière le fort, est une hauteur couverte, de bois lequel il faut abattre, et nécessairement y bâtir une bonne redoute qui empêche l’ennemi d’occuper cette hauteur d’où il abîmerait le fort. Cette redoute doit être de pierres, n’étant pas praticable de faire des ouvrages de terre en ce pays où il n’y a point de gazon, mais partout du gravois ou du sable, outre que tout serait complètement bouleversé par la grande sécheresse et les excessives pluies qui succèdent. POINTE A PITRE Au pied du fort et à main droite regardant la mer sont actuellement cinq ou six maisons qui composent tout le bourg appelé de la Pointe-à-Pitre. Il faut l’établir à main gauche du fort dans un beau terrain, bon, commode et assez étendu. On va incessamment y bâtir une église aux frais et pour la commodité des habitants de la campagne. L’église du Gosier où on célèbre depuis long-


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