Tricentenaire des Antilles : Guadeloupe 1635-1935

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— 89 — argent, M. Binoist et moi, diligenterions la besogne de notre mieux et ce serait une affaire finie pour jamais, ou pour très longtemps. Autrement, la Guadeloupe est à la discrétion des ennemis quand il leur plaira de l’attaquer. Ils penseront peut-être à la garder et à bâtir dans toutes les formes le fort que depuis tant d’années nous avons négligé de faire. FORT LOUIS Ce qu’on appelle assez mal à-propos le fort Louis de la Grande Terre de la Guadeloupe est au bord de la mer sur un petit morne d’où le canon, voyant la passe du Petit cul-de-sac de ce quartier, en peut défendre l’entrée. Ce fort est un carré long, assez inégal, ayant en quelques endroits, dix, douze et quinze pas de largeur sur environ soixante de longueur. Aux deux faces des flancs, il y a deux ou trois mauvais redans ou espèces; à chacune des pointes est un angle saillant, l’un et l’autre portent deux pièces de canon. C’est tout ce qu’en a ce réduit. La fortification qui n’a jamais été bonne est tout à fait en désordre par la longueur et les injures du temps quoique, tous les deux ans au moins, on répare à grands frais et avec beaucoup de peines. Cette fortification consiste en deux rangs de pieux, plantés à six pieds de distance, l’intervalle rempli de terre, de pierres et de fascines jetées au hasard, parce qu’il n’y a pour diriger que les nègres travailleurs ou quelque officier de la garnison qui souvent n’v entend rien. Cela forme une espèce de parapet de six pieds de haut, ayant au bas sa banquette de mêmes matières; quelques pieux inégaux, quoique tous extrêmement menus et sans force, paraissent faire une espèce de fraise portant le nez en haut comme des chevaux cravatés. De quelque bois que soient ces pieux, palissades ou fraises, la grande chaleur et sécheresse, ainsi que les pluies excessives qui viennent ensuite, les font pourrir en peu de temps, de manière que ceux qui tombent laissent des brèches par lesquelles l’entrée et la sortie sont faciles à tout venant. Je répète que tous les deux ans, et quelquefois plus tôt, elles sont réparées comme on peut à grands frais. Dans ce fort ou très mauvais et négligé réduit est une citerne de maçonnerie en assez bon état, une maison de bois et de planches couvertes d’essentes. Le capitaine y loge. Dans une autre à peu près de même façon, habi-


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