Tricentenaire des Antilles : Guadeloupe 1635-1935

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— 87 — Conseil de la Guadeloupe et toutes les juridictions des deux îles aient une prison en chaque endroit, aux dépens de qui il appartiendra, ou sur le fond des amendes qui reviennent ordinairement au roi, ou que, sur ce pied, le domaine en fasse les avances dont sa Majesté tiendra compte s’il lui plaît. Mais il faut diligence pour construction de prisons ; la plupart de ceux qui méritent d’y entrer se trouvent excités en partie parce qu’ils savent qu’il n’y a point de prisons. Conflit de juridiction et inimitié particulière empêchent quelquefois les gens de justice de recourir aux commandants des forts que je répète ne devoir point servir de prison en tous ces cas. Outre qu’ils sont trop petits pour contenir tous les prisonniers. FORT DE LA BASSE-TERRE Ce qu’on appelle le fort de la Basse-Terre de la Guadeloupe est environ à cent-cinquante pas du bourg, à gauche venant de terre à la marine. Ce fort est long environ de deux cents toises et fort étroit, n’ayant guère que quarante pas au plus large. Tout le flanc gauche du côté de la campagne est sans fortifications, n’en ayant pas besoin parce que tout ce côté a une ravine impraticable dans laquelle coule la rivière du Galion, dont l’embouchure est directement au-dessous du fort. Le flanc droit qui regarde le bourg a un glacis naturel et par conséquent trop élevé, il n’a ni palissades, ni chemin couvert ; un fossé fort étroit de huit pieds de large et environ sept de profondeur. Il est en quelques endroits encore encombré de roches que l’on a fait sauter pour creuser le fossé. L’unique porte est étroitement et petitement fortifiée comme ce flanc droit. A la pointe du fort, du côté des terres, est un cavalier fort étroit, puisque sa face ne tient que deux embrasures. Le fossé de ce cavalier a environ douze pieds de large et est contigu au fossé du flanc droit. La brèche que les ennemis firent lorsqu’ils attaquèrent ce fort en 1703 est à peu près au même état qu’ils la laissèrent, excepté qu’on en a tiré les décombres, et qu’on y a appliqué une assez méchante fraise. Le dedans du fort est tout bouleversé, comme il plut à M. Gabaret de le faire pendant le même siège sur une terreur panique et par de mauvais principes. Les soldats y sont dans de méchantes barraques de roseaux comme au


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