Tricentenaire des Antilles : Guadeloupe 1635-1935

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— 79 — quer, parce que ne bâtissant ici que de bois, les maisons, sucreries et moulins pourrissent, ainsi, de temps en temps, il les faut renouveler en gros ou en détail. Plusieurs n’ont demandé et ne demandent des concessions que pour abattre et vendre en détail les bois, à qui plus en donne. Ayant dégradé les terrains concédés, ils les vendent ensuite. De là vient que les forêts du roi sont au pillage ; les particuliers, sans châtiments ni craintes, y coupent les bois, s’en servent à leurs usages ou les vendent. Lorsqu’ensuite il en faut pour le service du roi on est contraint d’aller à grands frais, pour Sa Majesté, chercher le bois au loin dans les montagnes, et quelquefois aux îles inhabitées de la Dominique et de Sainte-Alozie. Enfin, si on n’y met ordre, il ne se trouvera bientôt plus dans ces îles aucun bois qui puissent servir aux besoins du roi ou des particuliers. Les concessions ne sont accordées que sous condition de réserver les bois propres à la construction des forts et au radoub des vaisseaux de Sa Majesté. Mais, sur cet article, comme sur plusieurs autres, on n’obéit point; personne n’y tient et, jusqu’à présent, n’y a tenu la main. Il ne sera bientôt plus temps de la faire si vous n’y mettez promptement ordre. A mon avis, voici l’unique voie pour y parvenir, ainsi qu’à réprimer l’abus touchant les rivières et autres eaux que les plus forts s’arrogent aux dépens des plus faibles, soit pour leur commodité, soit pour le trafic honteux de les vendre. Il faut sans tarder créer un grand maître des eaux et forêts, qui aît toutes les qualités requises et réside à la Martinique, ayant sous lui des lieutenants aux autres îles, lesquelles il visitera de temps en temps. Il fera observer les termes des concessions accordées ou à accorder, obligeant tous les habitants à conserver chez eux nombre de balivaux, lesquels il fera marquer, des bois propres aux constructions des forts et vaisseaux, tels que sont le cipre, le poirier, l’acajou, l’acoma, etc., ordonnant à ceux qui ont d’anciennes habitations d’y faire planter dans leurs savanes et lisières un nombre marqué de ces mêmes arbres, qui tous viennent promptement et sans soin. Le grand maître des eaux et forêts peut avoir inspection sur la chasse et la pêche qui, étant ici à l’abandon, diminuent beaucoup et seraient presque anéanties si depuis un an, je n’y avais mis ordre. Il y a là-dessus plusieurs détails que je connais fort, mais trop longs


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