Tricentenaire des Antilles : Guadeloupe 1635-1935

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— 58 — milice en telle sorte que la sentence du juge qui avait été rendue suivant l’esprit du gouverneur ne manquait jamais d’être confirmée au Conseil souverain dont il était président : car ce conseil était composé d’officiers de milice nommés par lui et presque tous fort ignorants à savoir administrer la justice. Ainsi, à proprement parler l’esprit du gouverneur concluait tout et sa volonté prévalait à tout. C’est ce premier désordre qui en fit naître une infinité d’autres ; à la Martinique, la sédition formée contre Mme Duparquet et ses enfants, à la Guadeloupe les mouvements de M. Houel avec ses neveux qui formaient des partis différents capables de tout ruiner ; à la Grenade, les désordres faits par la tyrannie du Comte de Cérillac, et, précédemment, à Saint-Christophe et dans toutes les îles, la révolte des peuples fomentée par M. de Poincy contre le général de Toisy, tellement que toutes ces colonies allaient sans doute périr si le roi n’y avait donné un prompt remède en formant une Compagnie riche et puissante pour prendre la seigneurie des îles. La Compagnie se trouva trop occupée à son commerce... elle nomma les juges... qui étaient avec raison très suspects aux marchands et aux habitants puisqu’ils étaient les créatures de la Compagnie... S. M. réunit les îles à son domaine, les juges furent juges royaux et le nombre des conseillers réduits à dix. Il fut fait à même temps défence par des ordres particuliers à MM. les gouverneurs qui avaient été établis par le roi de se mêler de la justice ordinaire que pour prêter main forte à l’exécution des sentences du juge lorsqu’ils en seraient requis; et à l’égard du conseil souverain, d’y assister en qualité de président et d’y donner leurs suffrages sans troubler ni violenter celui des conseillers sous aucun prétexte ; au surplus que la justice serait rendue dans les îles suivant la coutume de la prévôté et vicomté de Paris. Quand Blénac arriva, il se mêlait beaucoup d’artifices dans la conduite de plusieurs... qui causaient des haines, des inimitiés incroyables, il lui venait des plaintes de toutes parts... par ses entretiens aussi justes que chrétiens il mit une modération dans les esprits qui fut admirée de tous dans les îles. Il fit demander au roi d’envoyer un intendant pour y remédier. S. M. envoya Patoulet pour établir des juges royaux et réduire


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