Tricentenaire des Antilles : Guadeloupe 1635-1935

Page 51

— 43 — châtiés par les hommes et contraints de racheter ces innocents. Si l'île de la Barbade était sous l’autorité et pouvoir du Général des Anglais où qu’il fut ami du gouverneur, je les aurais réclamés et me fais fort que je me serais fait faire justice. Mais ladite île n’est pas dans l’étendue du gouvernement du dit général et ils sont d’ailleurs ennemis irréconciliables ; l’affaire étant ainsi, s’il plaisait au roi donner commandement à son ambassadeur qui est en Angleterre de faire les diligences, de les réclamer et obtenir leur rachat, le prix duquel pourraitêtre pris sur les biens du dit Jonas, Cantéry et complices ; l’œuvre ne saurait être plus charitable ni méritoire de garantir ces pauvres exposés aux dangers de perdre la vie de l’âme et du corps. La première parce que n’ayant aucun excercice de la vraie religion, ni personne pour les y fortifier et maintenir, ils pourraient être pervertis. L’autre à cause du grand travail, mauvaise nourriture et rude traitement. Encore si la vente eût été faite aux Français et en lieu où ces inconvénients ne fussent pas rencontrés, le mal ne serait pas si grand, et semble que l’introduction en France de semblables cas (non pas indifféremment, mais contre les volontaires, filoux, discoles, vagabonds et sans aveu) serait un établissement utile. Il y a environ 15 jours ou trois semaines qu’un grand calme ayant surpris une barque française au travers de la Barbade et la chaleur était si grande qu’il prit envie à une partie de l’équipage de se jeter à la mer pour se rafraîchir. Pendant qu’ils se divertissaient à nager, un poisson ou un monstre qui était d’une grandeur effroyable sauta d’entre eux hors de l’eau plus d’une pique de hauteur et en tombant engloutit un pauvre malheureux de la troupe et donna un soufflet de sa queue à un autre qui depuis a toujours le col tourné, l’on ne sait s’il se pourra remettre. Je vous ai ci-devant dit que j’avais envoyé une barque à la Martinique pour faire publier la prolongation du temps à faire du pétun avec ordre de passer à la Guadeloupe pour voir si elle pourrait servir de quelque chose et néanmoins tâcher de faire quelque peu de pêche de lamentin pour mes domestiques. Le Capitaine n’ayant pu gagner du côté du vent


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.