Tricentenaire des Antilles : Guadeloupe 1635-1935

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son Eminence, ayant voulu corrompre les principaux officiers et tiré à sa faction, incité plusieurs fois, le peuple à sédition, cabalé avec le général des Anglais et son lieutenant, fait faire des libellés diffamatoires par le nommé Quérolan contre et au préjudice de ma réputation et en un temps où la bonne réputation m’était nécessaire, d’autant plus que la mauvaise est dangereuse pour les affaires publiques. Il a déclaré tout haut en plein conseil qu’il ne me connaissait en rien. Toutes lesquelles fautes sont d’autant plus punissables que plus j’étais éloigné de secours (1). Je ne doute point qu’il ne fasse tous ses efforts pour s’en laver et justifier, même au préjudice de ma bonne conscience et sincères intentions et aurais lieu d’appréhender que mon absence lui fut favorable si d’autres personnes moins judicieuses et équitables avaient à vider ce différend. Vous m’avez témoigné avoir reconnu que j’ai porté le service de S. M., de son Eminence et vos intérêts, avec l’affection et la fidélité qui se peut requérir, ainsi je veux croire que vous ferez les semblables pour les miens qui sont indissolublement liés aux vôtres, ce serait bien étrange si vous abandonniez mon parti en pareil cas; la condition de commander en ces îles serait en mauvaise posture. Le 3 août dernier, M. le général des Anglais avec toute sa famille me vint visiter; il se rencontra que c’était un jour maigre ce qui leur fit admirer l’adresse des cuisiniers français, même en un lieu si éloigné et dépourvu de commodités, lui, mademoiselle sa femme et toute la compagnie s’en retournèrent extrêmement contents. Vous saurez que le 12 octobre passé arrivèrent nouvelles ici que les sauvages avaient mis tout à feu et à sang à Ste-Lucie (qui était aux Anglais). Le gouverneur et quantité d’autres furent tués, leurs forts, leurs magasins et par conséquent leurs munitions brûlées ; et la déroute a été telle que ceux qui ont resté de ce carnage ont été contraints d’abandonner l’île et se réfugier à Montserrat. Pour couvrir leur lâcheté, ils se sont avisés d’imputer la cause de ce désastre à M. Du Parquet parce que (1) Sur cette question voir du Tertre, Histoire générale des Antilles, 1, p. 129 et 141.


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