Tricentenaire des Antilles : Guadeloupe 1635-1935

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sur la situation géographique de Pile Espagnole, car bien qu’il lui eût assigné sa place sur ses cartes marines, il n’était pas fâché de prendre à ce sujet l’avis des gens du pays. Sans doute, il aurait aussitôt fait route pour cette île ; mais l’un de ses capitaines, nommé Marco, était descendu à terre dans la journée avec huit hommes sans y être autorisé par lui et, le soir venu, il n’avait pas encore reparu. Il dut envoyer à sa recherche, mais, par le fait de l’épaisseur des bois qui couvraient l’île, il fut impossible d’avoir aucune nouvelle des absents. Ne voulant ni abandonner aucun des siens, ni laisser en arrière un de ses navires, qui risquerait de ne pouvoir ensuite rejoindre les autres, l’Amiral résolut de rester encore un jour au mouillage devant l’île. Pendant toute la journée du lendemain, des matelots explorèrent le pays, en tirant de temps en temps quelques coups d’arquebuse comme signal, mais ils durent le soir retourner aux navires sans avoir retrouvé leurs camarades. L’Amiral qui s’était longtemps attardé, et qui pouvait arguer que ses hommes s’étaient perdus par infraction à la discipline, fit mine de mettre à la voile, mais cédant aux prières des uns et des autres, il consenti à différer encore son départ, ordonnant que le temps fût employé à faire de l'eau, du bois, et à laver le linge et les hardes des équipages. Il envoya à terre le capitaine Ogieda conduisant quarante hommes, qui avaient ordre non seulement de rechercher les matelots égarés, mais encore d’explorer avec attention le pays, en en remarquant les productions. Ils trouvèrent des arbres à mastic, des aloès, du sandal, de l’encens et certains végétaux qui semblaient être des arbres à cannelle, puis des cotonniers. Ils remarquèrent aussi des tourterelles, des perdrix, des oies, des rossignols et mains oiseaux du genre des nôtres. Ils dirent que pour faire environ six lieues dans l’île, ils avaient dû franchir vingt-six cours d’eau, dont quelquesuns en se mouillant jusqu’aux aisselles. Je serais tenté de croire que, vu la nature fort accidentée du sol, ils traversèrent plusieurs fois la même rivière. Or, pendant que cette petite expédition, ainsi que d’autres troupes, s’évertuaient en vain à la recherche des absents, ceux-ci revenaient d’eux-mêmes aux vaisseaux le vendredi 8 novembre, alléguant pour toute


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