Tricentenaire des Antilles : Guadeloupe 1635-1935

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— 168 — blancs. Ils assistaient au prône et, à une heure aprèsmidi, on leur faisait un long catéchisme. Au lieu qu’en disant pour eux une messe après la grande, ils n’assisteront pas au prône et on ne pourra pas leur faire un catéchisme aussi long. Je ne crois pas, Monseigneur, que ce soit cet article qui a donné occasion de vous écrire que nous avions négligé le soin des nègres. Néanmoins, j’ai déjà ordonné que l’on se conforme aux autres missionnaires et l’on à déjà commencé à dire cette messe pour les nègres après la grande. J’ai soupçonné depuis que M. de Crapado ait donné occasion à Sa Majesté de se plaindre de nous. Car, ayant demandé l’érection d’une terre qu’il a à la Guadeloupe en Comté et le droit de nommer à la cure qu’il veut y établir, pour obtenir ce droit de nomination, il a avancé dans sa supplique, ainsi qu’il le dit lui-même dans une requête présentée par lui à M. le Général, que nous avions négligé le soin d’une cure voisine qu’il veut faire transporter dans sa terre, afin d’avoir la pension du roi pour le curé qu’il nommera. Voici le fait, Monseigneur. Il y a 5 à 6 ans que les habitants du grand cul-de-sac demandent l’établissement d’une cure dans leur quartier et un de nos missionnaires pour le desservir. On établit cette cure et on ordonna au supérieur de notre mission d’y faire résider un missionnaire, dès que les habitants auraient fait construire un presbytère. Comme ils ne se pressaient pas de le faire bâtir, nous présentâmes requête sur requête à M. l’Intendant pour les y obliger et ils n’ont point bâti encore, quoiqu’il y ait eu plusieurs ordonnances là-dessus. La cure est éloignée de 15 lieues de notre couvent ; on ne peut y aller que par la mer et il y a des mers fort rudes à passer ; on expose sa vie quand on y va dans certaines saisons de l’année, et, pour le reste, nous avons prié les Pères capucins qui ont une cure voisine, distante de 4 à 5 lieues, d’y aller de temps en temps et ils l’ont fait. Nous leur avons offert de leur laisser la pension du roi s’ils voulaient servir cette cure jusqu’à ce qu’il y eût un presbytère ; mais, ils n’ont pas voulu, parce qu’il est trop difficile de la servir, à moins qu’on y réside. Si nous n’avons pu rendre des services plus assidus à cette paroisse, c’est la faute des habitants qui n’ont point bâti de presbytère.


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