Tricentenaire des Antilles : Guadeloupe 1635-1935

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Il est comme sont ici presque tous ses confrères dont il faut excepter le Père Frédéric leur supérieur et le Père Maximin qui passent pour deux très bons religieux. On doit remarquer que ces carmes sont aux îles sans mission de Rome, appelés seulement par feu M. Houel et ensuite tolérés. Sur mes pressantes instances, le Père Frédéric, supérieur des carmes à la Guadeloupe retira de Marie-Galante le Père Lucien, et lorsque j’allai à cette île, embarqua avec moi pour son curé un autre carme qu’il m’assura être de bonne vie et exemplaire. L’avenir en fera preuve, mais on ne peut qu’avoir baucoup gagné au change du Père Lucien. A la Guadeloupe comme par toutes nos îles les Jésuites sont très bons religieux. Ils en font toutes les fonctions avec régularité, piété, doctrine et vie exemplaire. Les capucins ne sont pas si dignes de louanges, s’adonnant par trop aux affaires du monde, à la bonne chère et aux commodités de la vie, quoi qu’on n’ait point à leur reprocher les désordres desquels les carmes viennent d’être accusés. Les dominicains vivent régulièrement et il n’y a rien à leur reprocher quoique leurs missions et devoirs ne soient certainement pas si bien remplis que de la part des Jésuites. Il n’y a que louanges à donner aux pères de la Charité. Toutes les îles où ils ont des maisons en reçoivent sans cesse des secours considérables, sans orgueil, sans intérêt, étant extrêmement charitables et on les trouve toujours très disposés à plus que les devoirs de leur ministère. Ce qu’on peut trouver à reprendre aux jésuites, aux dominicains et aux pères de la Charité, c’est qu’ils sont trop riches et le deviendront beaucoup plus, acquérant toujours malgré les dépenses et n’aliénant point. Ces trois ordres, dans les deux îles de la Martinique et de la Guadeloupe, font au plus le nombre de 40 religieux desquels 12 jésuites. Je puis vous assurer, chose qui sans doute vous surprendra, mais au besoin je la prouverai par des détails, que ces 40 têtes des trois ordres ont outre leurs pensions plus de 60.000 écus de rente dans les deux îles. Il en arrivera par la suite des désordres infinis, Je sais que la matière est délicate, surtout par rapport aux jésuites ; mais je vous énonce la vérité pure, vous en ferez l’usage qu’il vous plaira. A la Guadeloupe, les jésuites, les dominicains, les carmes et les pères de la Charité possèdent plus de terres, meilleures, et plus de nègres que n’en possèdent ensemble tous les habitants de la Basse-Terre. Note de Phelypeaux. 11


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