Tricentenaire des Antilles : Guadeloupe 1635-1935

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— 160 — Le Père Jacques succéda au Père Martin, la cure de Marie-Galante ayant resté plus de deux mois sans religieux. Dans cet intervalle, moururent plusieurs habitants sans sacrements. Le Père Jacques desservit cette cure pendant trois mois. Après il déserta sans rien dire et l’île resta quatre mois sans religieux. Le Père Lucien occupait actuellement la cure de Marie-Galante et y était seul quoique le roi paye aux carmes deux curés pour les paroisses de Sainte-Anne et du Vieux fort. Le Père Lucien y causait beaucoup de troubles, étant toujours du parti des mutins, se mêlant de faire des requêtes et ne s’occupant que d’affaires entièrement opposées à son caractère. Il a de plus un penchant extrême à s’enyvrer et en fait ses principales fonctions, sans détailler toutes les occasions où il y est tombé, il n’en faut point d’autres preuves que ce qui se passa à la dernière fête de N.D. du Mt-Carmel. Le Père Lucien s’étant enyvré avec Barault, Pasquier et autres habitants de Marie-Galante, il vint pour chanter Vêpres, mais il ne put rien prononcer, et voulant encenser le Saint-Sacrement, il donna de l’encensoir contre l’autel causant un scandale public. Ceux avec lesquels il avait bu étaient couchés sur des bancs de l’église, faisant leurs efforts pour vomir. Le Père Damase envoyé pour second au Père Lucien resta fort peu de temps à Marie Galante, s’étant embarrassé en deux affaires d’ivrognerie, lesquelles firent beaucoup de bruit. L’occasion de l’armement de M. Dubucq pour Monsarat le fit, par libertinage, sortir de l’île où il n’est pas revenu. Tout ce qui vient d’être écrit touchant la mauvaise conduite des curés de Marie-Galante est fondé en bonnes preuves par plusieurs lettres de M. l’Intendant et autres rapports auxquels j’ai donné extrême attention sans être prévenu. Les carmes de la Guadeloupe sonit la plupart en pareille odeur, mais ils y possèdent des richesses et surtout une bonne sucrerie. Il est actuellement revenu depuis 5 ou 6 mois à la Guadeloupe le Père Juvénal, carme, que le P. Maximin, son supérieur, excédé par sa méchante vie, envoya, il y a quelques années en France où, pour apprendre la vertu, il a dans cet intervalle exercé l’office d’aumônier d’armée


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