Tricentenaire des Antilles : Guadeloupe 1635-1935

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— 152 — causa la risée et le scandale des habitants. Ayant pris sa place par ordre du Père Supérieur qui fut obligé de l’ôter, que de peine et d’inquiétude ne me suis-je pas attiré de la part des habitants qui étaient accoutumés de faire de la maison curiale un cabaret, lorsque j’ai voulu rompre cette méchante pratique ? (1). Il y en a d’autres qui ne s’attachent qu’à amasser de l’argent, refusant même d’enterrer les morts à moins de tant ; d’autres, ignorants leur ministère, ont fait des mariages invalides, transgressant les lois ecclésiastiques et ordonnances de Sa Majesté. Le P. Supérieur même n’a-t-il pas marié secrètement une demoiselle de ma paroisse avec un capitaine de brulot qu’on dit être fiancé en France, sans que M. le Général en ait eu connaissance non plus que moi? Une autre mariée à un lieutenant de troupes à l’insu de sa mère... Le roi a voulu qu’on établit dans chaque quartier une paroisse et qu’on observe les mêmes statuts que les curés de France... cependant n’étant point sous la juridiction d’aucun évêque, quelques-uns font à leur fantaisie. Chaque paroisse bien établie... ...Cependant lorsque j’ai voulu insinuer aux libertins et scandaleux publics de faire leurs devoirs, ils se sont moqués de moi, s’en allant à quelques-uns de nos religieux comme compagnon de bouteille qui les reçoivent à la confession et à la communion pascale sans les obliger à quitter l’occasion de leur infâme commerce... ce qui m’avait entièrement dégoûté du pays. On a fait entendre à Votre Grandeur que l’aumône que Sa Majesté fait à chacun de nos religieux n’est pas suffisante pour les nourrir. Il est vrai, Monseigneur, pour trafiquer, pour envoyer de l’argent en France comme ont fait plusieurs. Cependant, je me suis toujours bien nourri avec un nègre et un petit garçon, et partant de la Martinique, j’ai encore laissé 100 écus à notre couvent du Fort Royal. Quel bruit n’a pas fait la succession de M. Hinselin (2) mort à la Guadeloupe, qui a légué par testament 50 mille écus à tous les religieux de la Guadeloupe, dont il (1) Il s’agit probablement du Lamentin (Martinique). (2) Sur la succession Hinselin, voir le P. Labat, Nouveau Voyage. t. v.


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