Tricentenaire des Antilles : Guadeloupe 1635-1935

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recte que si nous eussions suivi un chemin connu et frayé. Cette île était très grande, et du côté où nous y arrivâmes, il nous parut que la longueur de sa côte était de vingt-cinq lieues. Nous la longeâmes plus de deux lieues pour y chercher un port. Du côté où nous allions, il y avait des montagnes très élevées, et de celui que nous quittions, il paraissait y avoir de grandes plaines. Il y avait sur le rivage de la mer, quelques petites peuplades ; mais dès que les habitants apercevaient nos voiles, ils fuyaient tous. Après avoir fait les deux lieues susdites, nous trouvâmes un port, mais il était déjà bien tard. L’amiral décida cette nuit que dès le point du jour, un détachement irait à la découverte pour prendre langue et savoir quels gens c’étaient, malgré les soupçons qu’on avait conçus, soupçons confirmés par la fuite de ceux que nous avions vus se sauver, que c’était une population nue comme celle que l’amiral avait vue dans son premier voyage. Quelques détachements commandés par leurs capitaines respectifs partirent donc dès l’aube du jour. Les uns revinrent à l’heure du dîner, amenant un garçon d’environ 14 ans, à ce que l’on sut plus tard, lequel dit qu’il était un de ceux que les habitants de cette île retenaient en captivité; les autres se divisèrent ; et, parmi ces derniers, les uns prirent un petit enfant qu’un homme tenait par la main, qu’il abandonna pour fuir, et qu’on renvoya peu de temps après avec quelques Indiens. D’autres restèrent et prirent plusieurs femmes nées dans l’île. Quelques-unes vinrent de leur plein gré, mais c’étaient des femmes captives. Un capitaine de ces derniers détachements, ne sachant pas qu’on avait pris langue avec six hommes, s’avança dans l’intérieur de l’île et s’égara avec ceux qui l’accompagnaient, de façon qu’ils ne retrouvèrent la côte qu’au bout de quatre jours ; et, en la longeant, ils découvrirent la flotte. (1) Nous les avions cru tout à fait perdus et mangés par les gens qu’on appelle Caraïbes, parce qu’on ne pouvait pas soupçonner d’autre cause de leur longue absence, puisqu’ils avaient parmi eux des pilotes et des marins qui, en se dirigeant par les étoiles, auraient su venir (1) Ce fut Diego Marquez, le contrôleur, qui faisait les fonctions de capitaine.


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