Tricentenaire des Antilles : Guadeloupe 1635-1935

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— 5 — qui semblait vouloir s’élever jusqu’au ciel et au milieu de laquelle était un pic plus haut que tout le reste de la montagne et duquel coulaient des sources d’eau vive de divers côté, surtout de celui par lequel nous étions venus. A la distance de trois lieues, ces sources ressemblaient à un jet d’eau qui se précipitait de si haut qu’il semblait tomber du ciel et qui paraissait aussi gros qu’un bœuf. On le voyait de si loin qu’il y eut dans les vaisseaux plusieurs paris à son sujet : les uns disaient que c’étaient des roches blanchies et les autres que c’était de l’eau. Dès que nous arrivâmes plus près, on connut ce que c’était en réalité; et c’était la chose la plus belle du monde à voir de quelle immense hauteur ce jet d’eau se précipitait et son énorme grosseur, malgré la petitesse du lieu d’où il sortait. Lorsque nous fûmes arrivés près du rivage de cette île, l’Amiral ordonna à une caravelle légère de la cotoyer pour chercher un port. Elle prît donc les devants et, en atteignant la terre, elle vit quelques maisons. Le capitaine monta dans sa chaloupe et descendit sur le rivage. Il porta ses premiers pas vers les maisons, dans lesquelles il trouva leurs habitants, qui, dès qu’ils l’aperçurent, prirent la fuite. Il entra dans ces maisons où il trouva les choses qu’ont les Indiens ; car ils n’avaient rien emporté. Il y prit deux perroquets très grands et bien différents de ceux qu’il avait vus jusqu’alors. Il y trouva beaucoup de coton filé ou prêt à l’être et des vivres destinés à leurs habitants. Il prit un peu de chacune de ces choses et surtout quatre ou cinq ossements de bras et de jambes humaines. Aussitôt que nous eûmes vu ces derniers objets, nous soupçonnâmes que ces îles étaient celles de Caribe qui sont habitées par une race qui mange la chair humaine. En effet, l’Amiral, d’après les indications que les Indiens des îles qu’il avait auparavant découvertes lui avaient données sur la situation de ces îles, lors de son retour des Indes, avait dirigé sa navigation de manière à les découvrir, parce qu’elles étaient plus près de l’Espagne et aussi parce qu’elles étaient dans la route de l’île Espagnole, où il avait, dans son premier voyage, laissé plusieurs de ses gens, que nous rejoignîmes, par la grâce de Dieu et la science de l’amiral, par une route aussi di-


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