Tricentenaire des Antilles : Guadeloupe 1635-1935

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— 104 — dant qu’outre qu’il ne convenait qu’à moi et par mon devoir de commandant, et par mon attachement pour vous, Monseigneur, de vous informer par un exprès de ce malheur, il me paraissait d’une conséquence extrême que vous en eussiez la nouvelle avant que cela fut répandu par la voix publique, par le nombre et importance des emplois que M. de Phelypeaux laisse vacant pour faire le choix des sujets sans importunité; mais ces raisons n’ont pu prévaloir à son sentiment. Je vous fais ce détail, Monseigneur, afin que si vous apprenez cette fâcheuse nouvelle avant l’arrivée de ma lettre, et que vous en fussiez mécontent, vous voyez du moins que ce n’a pas été ma faute. M. de Martel vous en informera plus au long et de la manière dont tout cela s’est fait. Comme il se trouve un vaisseau qui doit partir dans deux jours, j’espère qu’il pourra se rendre assez à temps pour donner le temps à M. de Martel de se rendre auprès de vous. J’informe votre Grandeur qu’il doit y avoir pour vous un paquet de M. de Phelypeaux, qu’il vous avait écrit quelques jours avant sa maladie, dans un de ces navires premiers partis, nommé « Le Laurencé » de Nantes. Je prends cette précaution pour raison afin que s’il est détourné, vous en soyez informé. Je fis faire l’enterrement hier au soir, sur les six heures, avec toute la pompe et la cérémonie qu’il m’a été possible. Il a été accompagné des larmes de tout le peuple qui était en foule. L’on peut dire que tous les Etats ont donné des marques de leur douleur et ont marqué la grandeur de la perte qu’ils ont faite. Elle est infinie, Monseigneur, et la mienne, en particulier, encore plus. J’avais pour lui tous les sentiments de respect et d’attachement, je les devais à sa naissance et à ses grandes qualités peu communes, je les devais encore à la reconnaissance que je conserve des bontés qu’il avait pour moi et parce qu’il m’a dit vous avoir écrit en ma faveur. Je vous supplie très humblement, Monseigneur, après l’appui que je viens de perdre en la personne de M. de Phelypeaux, de me vouloir continuer l’honneur de votre protection et de m’en donner les marques conformément à ce qu’il vous a pu demander pour moi, joint à mes longs services. Comme M. de Phelypeaux n’a laissé aucun ordre pour le commandement de cette île, et que je l’ai naturellement par l’ordre du Roi et par mon rang qui ordonne que les officiers majors des îles dégradés


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