La Guyane néerlandaise

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— 67 — Il y a cependant nombre de personnes qui sont d'opinion que le système actuel n'est qu'un palliatif, et qu'il faut chercher le remède ailleurs. Ils prétendent qu'il n'est pas impossible de faire travailler les nègres, ils citent à l'appui de cette opinion les Etats-Unis où le nègre travaille fort bien et la nouvelle colonie où l'on est assez content de leur zèle. Ils sont convaincus que la colonie de Surinam ne peut être sauvée que par une émigration de jeunes gens instruits et compétents qui puissent remplacer les planteurs et les administrateurs de la vieille école, pour lesquels il est impossible d'oublier le bon vieux temps, où le nègre était esclave et devait obéissance au maître dans le pouvoir duquel il se trouvait. On a l'habitude de décrier l'industrie aurifère comme étant une des grandes causes que les nègres désertent les plantations; je crois qu'on a tort en cette argumentation, car pour la grande majorité, les nègres qui se font engager pour faire part d'une expédition de chercheurs d'or, n'ont travaillé depuis longtemps dans les champs de cannes; du reste, en comparant le nombre des esclaves qui furent libérés en 1863 et le nombre de ceux qui sont inscrits comme journaliers agricoles, avec celui des nègres travaillant dans les placers, on voit d'un seul coup d'oeil comment ce dernier chiffre perd de son importance pour expliquer la grande différence entre les deux autres. Et voilà pourtant le grand argument des chercheurs malheureux, contre cette pauvre industrie aurifère. Ne croyez pas que je veuille prétendre que ce ne serait pas un malheur pour la France si demain on apprendrait qu'on avait trouvé de l'or dans la Seine, si les ouvriers quitteraient leurs ateliers et les laboureurs leurs champs pour aller à la recherche de cet or-là. Pour sûr ce serait un vrai désastre. Mais à Surinam c'est autre chose : l'intérieur n'est presque pas connu et ne le serait probablement jamais, si aucun intérêt plus puissant que l'amour des sciences n'y attirait les Européens. Des capitaux étrangers, qui jamais ne seraient venus se placer


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