Les grands aventuriers à travers le monde : les robinsons de la Guyane. Partie 1

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CHAPITRE

II

Nature admirable, mais stérile. — La faim. — Onze squelettes. — Les forçats cannibales. — Ce que c'était que le tigre blanc. — Un chou de trente kilos. — Le premier Peau-Rouge, — Encore un ennemi. — Ingratitude et trahison. — Vendu pour un verre de tafia. —Toujours seul. — Terrible chute. — Tête-à-tête d'un surveillant militaire mourant et d'un jaguar décapité. — La fièvre. — Comme quoi un concert de singes hurleurs pourrait s'appeler une représentation à bénéfice. —Encore l'Indien. — Toujours la chasse à l'homme — Le repaire du tigre blanc.

Robin marcha longtemps. Il ne lui semblait jamais être assez loin de ses bourreaux. Chose incroyable, il avait pu jusqu'alors se maintenir à peu près dans la ligne qu'il voulait parcourir. Supposez un homme seul, presque sans vivres, sans boussole, flottant sur l'océan dans une frêle barque et réussissant à s'orienter. La forêt vierge, avec son dôme d'impénétrables frondaisons, son interminable tapis d'herbes et de broussailles, ne lui offrait pas plus de point de repère que les vagues mouvantes de la mer. Trois jours déjà s'étaient écoulés depuis le moment de son évasion. La distance parcourue devait être considérable. Elle ne pouvait être évaluée à moins de cinquante kilomètres, « à l'estime, » comme disent les marins. Douze lieues et demie de forêt équatoriale, c'est l'immensité. Le fugitif n'avait, pour le moment, rien à craindre des hommes civilisés. Il n'en restait pas moins exposé à une terrible série de dangers, dont un seul constitue une perpétuelle menace de mort. C'est la faim! la faim, à laquelle les explorateurs, les fonctionnaires appelés loin des centres, les colons eux-mêmes n'échappent qu'à grand renfort

de

provisions patiemment accumulées. La faim, aux angoisses de laquelle succom-


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