Les grands aventuriers à travers le monde : les robinsons de la Guyane. Partie 1

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L E S R O B I N S O N S DE LA GUYANE

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intéressés. Casimir, sans prononcer un mot, s'était avancé doucement, sans faire de grands mouvements, dans la crainte d'attirer l'attention des guêpes occupées déjà à réparer les désastres de leur habitation. Il prit le cadavre du macaque étroitement enlacé par le petit et le rapporta triomphalement à la case. Charles n'avait plus rien à envier à ses frères, son souhait était exaucé, il possédait son singe.

Une année s'est écoulée, avons-nous dit, depuis le moment où la vaillante famille du proscrit a pu rejoindre son chef. La saison des pluies vient de commencer. Grâce à leur activité prodigieuse, les Bobinsons de la Guyane peuvent braver la faim et résister aux intempéries. La case commune est en parfait état. Les provisions de toutes sortes sont emmagasinées dans de vastes abris bien couverts et parfaitement aérés. Une toiture a été adaptée à un coin de la bassecour. L'élevage des hoccos a fait merveille. Des marayes (penelope leucolophos),

des perdrix grand-bois (tetrao montanus), aussi grosses qu'un dindon,

des toccros (tetrao guyanensis,

des parraquâs, des pintades, se sont joints à

eux, et vivent tous en parfaite intelligence. Un certain nombre de tortues de terre, appelées par Casimir « tôti-la-te », savoureux potages de l'avenir, sont parquées près de la basse-cour, en compagnie de jeunes pécaris que leur mère allaite encore. La vie matérielle est donc assurée. Pendant cette énervante saison de l'hiversage, les distractions de toute sorte ne manqueront pas aux membres de la colonie. La garde-robe a besoin d'être renouvelée. Aussi, une ample provision de coton a-t-elle été recueillie en temps et lieu. Un métier à tisser, très simple, bien rudimentaire, suffisant en somme, a été installé par Robin et Nicolas. Il fonctionne d'une manière convenable et donne une étoffe excellente. Chacun, sauf Casimir qui marche pieds nus, est pourvu de chaussures souples, légères, et très commodes, analogues aux mocassins des Indiens de l'Amérique du Nord. Le salacco restera, sauf modifications ultérieures, la coiffure obligatoire. Les fibres d'arouma en forment la matière première. Enfin, une grande quantité de papier-mahot, bien sec, bien luisant, est à la disposition de tous. Ces longues journées de pluie ne seront pas stériles. L'esprit des enfants se développe à merveille. Les Robinsons de la Guyane ne seront pas de petits sauvages. Ils feront honneur aux F I N D E LA P R E M I È R E

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FRANÇAIS

DE

L'ÉQUATEUR


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