Les grands aventuriers à travers le monde : les robinsons de la Guyane. Partie 1

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LES R O B I N S O N S DE LA GUYANE

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tamanoir, à toi l'agami. Tu ne seras pas le plus mal partagé sous le rapport de l'amitié, au contraire. « Quand les hoccos devenus grands n'auront plus besoin de ses soins, il te suivra partout comme un chien. me

— Mais, demanda M

Robin, est-ce qu'il se comporte toujours ainsi vis-à-

vis des animaux de basse-cour? — Je le crois volontiers. On lui accorde l'intelligence des chiens de berger. Il exerce sur les volatiles domestiques le même empire, la même surveillance que les chiens sur les moulons. L'agami lançait de temps en temps son cri, qui devait s'entendre fort loin. Cri bizarre qu'il pousse sans ouvrir le bec, et qui lui a valu le nom d'oiseautrompette chez les créoles. Il accueillit d'une façon particulièrement affectueuse les avances d'Eugène ; il s'enhardit bientôt, et vint, à la grande joie de la famille, prendre dans la main du petit homme les morceaux de cassave que celuici lui tendait. — Maintenant, c'est fini, dit la mère à son fils enchanté : vous voilà amis pour la vie. — Te rappelles-tu bien, Henri, tout ce que j ' a i raconté sur l'agami? demanda Robin. — Oui père, je me rappelle tout... Je devine ce que tu vas me dire. — Parle, mon cher petit devin. — Puisque nous avons de quoi écrire, tu désires que je rédige la leçon que t u viens de nous faire. — .

Et que tu l'enseignes ensuite à tes frères, termina l'heureux père en

l'embrassant. L'épilogue de cette aventure, fut une rude correction appliquée, près de l'enclos, sur l'échine de Cat, par la main vigoureuse de Robin. Le jaguar, honteux comme un renard qu'une poule aurait pris, n'approcha plus de longtemps l'enceinte au milieu de laquelle grandirent sous la surveillance de l'agami les jeunes hoccos, qui, parvenus à l'âge adulte, ne quittèrent plus l'habitation. Peu à peu, les oiseaux et les quadrupèdes sauvages, enhardis par l'exemple, se rapprochaient et vivaient dans une demi-familiarité avec les Robinsons, qui semblaient véritablement les rois de cet Eden. L'abatis, au lieu d'être déserté par les habitants de la forêt qui fuient toujours l'homme aux instincts destructeurs, semblait un lieu de réunion où venaient fraternellement s'ébattre les êtres les plus disparates. La plantation, qui aurait largement suffi à nourrir trente familles, alimentait aussi les animaux. Rien n'était touchant et gracieux


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