Les grands aventuriers à travers le monde : les robinsons de la Guyane. Partie 1

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herbes, et cherche à découvrir pour eux des graines ou des larves. Leur mère n'eût pas témoigné plus de zèle ni plus d'attentions. De temps en temps, il se dresse sur ses ergots, et lance son appel sonore. Il porte haut sa belle tête intelligente, au long bec aquilin, et couverte d'un fin duvet court et légèrement crépu. Son plumage, d'un beau noir sur le cou, les ailes et le ventre, a des reflets irisés. Une bande d'un rouge ocreux, qui tranche sur ce fond noir, l'entoure comme une ceinture, passe sur le dos qu'elle sépare en deux parties à peu près égales, et sur les ailes, dont les « petites couvertures » se dorent d'un fauve éclatant. 1

Il ne semble aucunement gêné de la présence des nouveaux arrivants, que son manège intéresse vivement. On lui jette des graines et du couac, et, loin de se précipiter goulûment, il appelle les poussins avec ces petits gloussements affectueux habituels aux poules mères. — Ça, agami. Bon z'oiseau. Camarade à tout’mouns. — Oh ! je le reconnais parfaitement. Depuis quelque temps, je le vois tourner autour de l'habitation. Je pensais bien qu'un jour ou l'autre il se rapprocherait de nous. — Quel bonheur ! s'écrie le petit Eugène, qui adore les oiseaux. « Est-ce qu'il va rester ici ? — Oui, mon enfant. Il ne quittera plus ces petits orphelins, qu'il a adoptés déjà et auxquels il témoigne un amour de mère. — Qu'il est beau 1 reprit l'enfant. — Il est aussi bon que beau, et il n'existe peut-être pas d'animal aussi affectueux que lui. Croiriez-vous, mes chéris, que non seulement il sait reconnaître celui qui le soigne et se prend pour lui d'une vive affection, mais encore il obéit à sa voix, répond à ses caresses, et en sollicite de nouvelles, jusqu'à l'importunité ! Il fête sa présence par des transports de joie devient triste quand il le voit partir, et accueille son retour par des bonds et des battements d'ailes. « Il est très constant dans ses affections. S'il est libre de son attachement, il le donne à celui qui lui témoigne le premier de la bienveillance. — Papa, interrompit Eugène, veux-tu me le donner? Je l'aimerai beaucoup et il, m'aimera aussi. Il ne connaît encore personne. Je voudrais qu'il s'attache à moi. — Accordé, mon cher fils. Ton frère Henri possède un jaguar. Edmond un

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L e s plumes qui naissent au bord supérieur de l'aile, soit en dessous, soit e n d e s s u s , sa nomment tectrices ou couvertures. Elles sont, par conséquent, divisées en supérieures e t inférieurs. Ces dernières sa divisent à leur tour en couvertures petites, moyennes et grandes.


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