Les grands aventuriers à travers le monde : les robinsons de la Guyane. Partie 1

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L E S R O B I N S O N S DE LA GUYANE

quons la façon dont à force de patience, de travail et d'industrie, ils ont pu en moins d'une année, obtenir de pareils résultats. C'était quelque temps après l'adoption du jeune tamanoir et du petit jaguar. Les deux orphelins s'étaient bien vite attachés à leurs maîtres. Cat et Michaud grandissaient. Ils manifestaient une vive intelligence et se conduisaient fort bien. Casimir revint un jour, en proie à une gaîté folle. Il portait sur sa tête un énorme panier analogue aux cages servant dans les basses-cours à l'élevage des poulets. Dans cette cage piaulait une jeune famille de volatiles qui protestaient par leurs cris plaintifs contre cette claustration arbitraire. Ils étaient bien une douzaine, déjà gros comme le poing. Leurs plumes claires, striées de noir et de blanc, leur hupe encore rigide et leur bec à peine teinté de jaune à la base, les faisaient reconnaître pour de jeunes hoccos âgés d'environ un mois. Le vieux noir tenait en outre, solidement amarré par les pattes, un magnifique oiseau de la taille d'un dindon, au plumage noir-bleu sur le dos, au ventre taché de blanc, casqué d'une belle aigrette frisée, pourvu d'un bec court, solide, légèrement aquilin comme celui d'un coq, et semblant enchassé dan une armature d'or. L'arrivée du bonhomme, parti depuis plus de huit heures, fut saluée, comme toujours, d'une cordiale bienvenue. Robin, occupé à nouer les rabans d'un grand hamac, filé et tissé par sa femme, avec le coton recueilli les semaines précédentes, interrompit sa besogne, vint à sa rencontre et lui dit gaîment : — Eh! compé, tu as fait une bonne chasse, que nous apportes-tu là? — Ça, pitis hoccos. Ça maman hocco. — Mais, c'est un trésor ! C'est l'avenir de notre basse-cour. C'est du gibier, de la viande fraîche... Les enfants et leur mère sortirent précipitamment de la case et vinrent féliciter Casimir, qui se rengorgeait fièrement. — Une famille de hoccos, dit le proscrit à sa femme émerveillée. Voici des habitants pour ce grand enclos palissadé que nous avons eu tant de peine à élever dernièrement, et dont notre vieil ami pressait si fort l'achèvement. — Ça même, répondit le noir enchanté. Mo trouvé nid, attendé maman hocco pondé. A t t e n d é li couvé. A t t e n d é so pitis fika bons bons, mo ké apporté li caba. — Et, pendant ce temps, tu nous faisais bâtir un abri pour eux. — Cela s'appelle acheter la corde avant le veau, interrompit Nicolas sentencieusement... Heureusement que le proverbe n'a pas eu les conséquences qu'on lui prête. — Allons, dit M

me

Robin, hâtons-nous vite de leur donner la liberté relative


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