Les grands aventuriers à travers le monde : les robinsons de la Guyane. Partie 1

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L E S R O B I N S O N S DE LA GUYANE

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—Moi vu beaucoup « tamandous » gros passé li. (J'ai vu beaucoup de tamanoirs plus gros

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lui .)

— Sa tête,mince, étroite, busquée, longue, arrondie, sans poils, rappelle plutôt le bec d'un oiseau que la face d'un mammifère. Quant à sa queue, aux poils épais, rudes et secs, on dirait véritablement du crin végétal. Cette longue bande triangulaire, noire bordée de blanc, qui s'étend obliquement du poitrail à l'épine dorsale, est bien curieuse aussi. — Et ses griffes, patron, parlons un peu de ses griffes. Sapristi, je ne m'étonne plus, s'il a si proprement décousu le jaguar. Tiens, comme elles sont aiguës. Il ne peut pourtant pas les rentrer comme les chats, car elles ont bien huit à neuf centimètres. — C'est qu'il en prend grand soin. Au lieu de les appuyer sur le sol en marchant, il les replie au-dedans sur la plante du pied. — Ah ! bon, je comprends, ça fait l'effet d'un couteau fermé. — Avez-vous remarqué qu'il n'en porte que quatre en avant, tandis que les pieds de derrière en ont cinq. Ces dernières, d'ailleurs, parfaitement émoussées, car elles lui sont inutiles tant pour se défendre que pour démolir les fourmilières. — A propos de fourmilières, et l'armée des fourmis? Nous sommes tellement occupés depuis une demi-heure que nous n'y pensons plus. — Fourmis allées toutes loin, dit Casimir. — Tiens, c'est vrai, la route est libre. Nous allons rentrer en emportant les dépouilles des combattants, sans oublier notre pensionnaire. Il était dit que nos amis n'arriveraient pas à la case sans avoir épuisé toute la série des aventures. Ils marchaient depuis quelques minutes à peine, qu'un miaulement désespéré sortit d'un gros bouquet d'herbes, et qu'un gracieux animal de la grosseur d'un chat, s'en vint, avec la naïve confiance du jeune âge, donner dans les jambes de Nicolas. Le Parisien leva son sabre. Robin l'arrêta. — Second orphelin qui sollicite l'adoption, dit-il en plaisantant. Celui-là

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Le vieux noir a parfaitement raison. Je possède une peau de myrmecophaga jubata, (tamanoir à crinière). Sa longueur totale est de 2,15, la queue a 68 centimètres et les griffes 7 Sa hauteur est de 66 centimètres. J'ai vu, en outre, au Maroni un tamanoir qui atteignait trois-mètres. Je suis donc étonné des dimensions que lui donnent certains auteurs, d'après lesquels sa longueur maximum ne serait que de 1,50 et sa hauteur de 0,30à 0,35. Je citerai, entre autres, le dictionnaire de Pierre Larousse, une autorité pourtant, et M. A. Mangin, un écrivain consciencieux et un véritable savant. L . B.


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