Les grands aventuriers à travers le monde : les robinsons de la Guyane. Partie 1

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LES R O B I N S O N S DE LA GUYANE

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avec les fibres de l'arouma. Ces folioles tressées, mises bout à bout e l o n g u e u r , superposées et imbriquées en largeur, forment bientôt un toit absolument imperméable qui dure plus de quinze ans, et que ne peuvent détériorer ni le vent, ni le soleil, ni la pluie. Les feuilles, d'abord vert tendre, prennent en vieillissant une belle nuance maïs du plus agréable aspect. Les chevrons dépassent sur chaque façade la muraille de plus de deux mètres de façon à former une large galerie couverte. La case enfin est séparée en trois parties. L'une forme le dortoir commun de la mère et des enfants, celle du milieu servira de salle à manger ; on pourra en outre y tendre aussi des hamacs pour Nicolas et Robin. La troisième sera le magasin, confié à la garde de Casimir. Le sol, purifié par le feu, ne recèle plus les hôtes incommodes qui avaient jadis élu domicile parmi les herbes et les racines. Les abords sont entièrement dégagés; partout circulent l'air et la lumière. Deux beaux manguiers, deux arbres à pain, plusieurs calebassiers ombragent agréablement la case, et une épaisse broussaille, hérissée d'épines, mais chargée littéralement de ces petits citrons de la Guyane à l'écorce aussi mince que l'ongle, s'étend comme une haie derrière la partie réservée aux enfants. Robin fit visiter non sans orgueil cette belle habitation aux nouveaux venus. Les enfants et leur mère étaient radieux. Chez Nicolas, la joie se compliquait d'une forte dose d'étonnement. — Savez-vous bien, patron, que nous allons être logés comme de véritables ambassadeurs. — Calmez votre enthousiasme, mon cher enfant. Les ambassadeurs ont des tables, des lits, des meubles, des ustensiles de cuisine, de la vaisselle, et nous n'avons même pas une assiette ni une bouteille. — Tiens, c'est vrai, fit le Parisien un peu refroidi... Nous coucherons par terre, nous mangerons avec nos doigts et nous boirons dans des feuilles roulées en cornet. Ça peut être drôle pour un moment; je vous avouerai, entre nous que je ne serais pas fâché d'avoir un peu de vaisselle plate. — Nous en ferons, Nicolas. Tranquillisez-vous, mon ami. Je vous dirai tout d'abord que nous avons des arbres qui portent une superbe batterie de cuisine. — A un autre que vous, patron, j e dirais : Quelle plaisanterie. Mai

du

moment que vous me l'affirmez... J'ai d'ailleurs vu de si drôles de choses. — Et vous en verrez bien d'autres, mon cher. Votre désir relativement à la vaisselle, va être promptement exaucé. Ce ne sera pas de la vaisselle plate, mais nous serons forcés quant à présent;dè;no.us en contenter.


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