Les grands aventuriers à travers le monde : les robinsons de la Guyane. Partie 1

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LES R O B I N S O N S DE LA GUYANE

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que ce n'est pas sans motif que je commande ici, et que votre mari n'est pas le premier condamné politique qui se soit évadé. « Malheureusement, le gouvernement hollandais qui, jadis, fermaitles. yeux sur les évasion», affecte aujourd'hui, dans la crainte sans doute de complications diplomatiques, de confondre avec les criminels de droit commun les condamnés politiques. Il les rend à l'administration française. « Nous sommes, en conséquence, tenus à la plus excessive réserve et à d'incroyables précautions. Votre mari, madame, devrait être depuis longtemps à Paramaribo, tandis qu'il vous faut remonter le cours du Maroni, bien au delà des établissements civilisés, attendre patiemment son arrivée, et cela dans de bien difficiles conditions. — Oh ! la misère m'importe peu. Je suis forte. Mes enfants n'ont plus de patrie, ils vivront là où est leur père. Mieux vaut ce pays déshérité q u e l a F r a n c e qui nous chasse et que j ' a i quittée pourtant les larmes aux yeux. — Entre autres précautions indispensables, ajouta le capitaine, ému malgré sa froideur et d'un ton un peu embarrassé, je vous prierai, madame, d'user d'un subterfuge destiné à tromper vos compatriotes, au cas où nous serions obligés d'aborder à la côte française. — Dites, que faut-il faire? Je suis prête. — On s'étonnerait, et à bon droit, de vous voir en pareil lieu avec vos enfants... Il serait urgent, le cas échéant, que je passasse un moment... pour leur père... « Parlez-vous anglais ? — Gomme ma langue maternelle. — C'est parfait. Vous ne direz pas un mot de français. Si l'on vous parle, si par hasard l'on vous interroge, répondez invariablement en anglais. Quant aux enfants... votre fils aîné parle-t-il également anglais? — Oui. — Nous tâcherons que l'on ne voie pas les autres. Mon navire s'arrête à Albina, devant la factorerie fondée par un négociant hollandais. Sous prétexte d'emmener ma famille en partie de plaisir, voir, par exemple, le Saint-Hermina, je vous confierai à deux hommes de mon équipage, deux noirs dont je suis absolument sûr.

« Ils vous débarqueront sur un îlot situé à trois quarts d'heure des rapides et pourvoironx à vos besoins. Je ne quitterai mon poste qu'après leur retour, et après une affirmation écrite que vous avez retrouvé votre mari. — Bies, iàonsieur. J'ai compris ; je souscris à tout de grand cœur. Quoi qu'il


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