Les grands aventuriers à travers le monde : les robinsons de la Guyane. Partie 1

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L E S R O B I N S O N S DE LA GUYANE

« Eh bien, ils ne s'amusent guère en route, nos postillons d'eau salée. Nous partions de Hollande il y a un peu plus d'un mois. A peine sommes-nous ici depuis quatre jours, que crac... appareillage pour... voir le patron. « Ça me va assez de quitter ce pays-ci. Celui où nous allons ne vaut peutê'.re pas mieux, mais, au moins, nous serons en famille. « Alors, madame, vous ne savez toujours rien. — Rien, mon enfant. Vraiment il me semble rêver, tant cette rapide succession d'événements a été inattendue. Voyez d'ailleurs comme ces mystérieux amis ont rempli toutes leurs promesses. « Nous étions attendus ici, comme à Amsterdam. Combien eussions-nous été éperdus dans ce pays dont nous ignorons même la langue, sans leur intervention. « Le correspondant, qui nous a reçus à l'arrivée du navire du Hollandais, a pourvu à tous nos besoins, et demain nous partons. « Je ne sais rien autre chose. Ces inconnus, polis sans empressement, froids comme des hommes d'affaire, sont ponctuels comme une consigne. On dirait qu'ils obéissent à un mot d'ordre. — Ah 1 oui, ceci est à l'adresse du correspondant qui a des lunettes et une tête de bélier, M. van des... des... ma foi j e ne sais plus. « Il ne s'emporte pas, celui-là, mais il est débrouillard comme un vrai juif j u i f est. « Enfin, jusqu'à présent, nous n'avons pas eu à nous plaindre d'eux. Nous avons voyagé comme des ambassadeurs. La fin fera le reste. « C'est égal, remonter encore sur un bateau, jouer à la balançoire russe sans pouvoir s'arrêter, sentir sa pauvre personne secouée comme un panier à salade... ça va encore être gai. me

— Allons, courage, dit en souriant malgré elle M

Robin, que ces boutades

amusaient. Dans trois jours nous serons arrivés. — Oh! ce que j ' e n dis c'est manière de parler. D'autant plus que vous et les enfants vous supportez assez bien tout ce traintrain, et c'est l'essentiel. Le lendemain, en effet, les six passagers s'embarquaient à bord du

Tropic-

Bird, un joli cotre de quatre-vingts tonneaux qui deux fois par mois fait le service de la côte hollandaise, communique avec les habitations de la rivière de Surinam, ravitaille les hommes stationnant sur le Light-Ship,

littéralement

bateau-feu, servant de phare et ancré à l'embouchure de la rivière. Le correspondant, nous savons seulement qu'il est un des plus riches négociants israélites de la colonie, a présidé à l'embarquement. Les enfants, vêtus de


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