Les grands aventuriers à travers le monde : les robinsons de la Guyane. Partie 1

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L E S R O B I N S O N S D E LA GUYANE

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— Je vois le malheur qui vous frappe. Votre canot disparu. Je me suis aperçu de ça en longeant la crique. Votre abattis ruiné, votre case brûlée. C'est d'autant plus malheureux que la voie est libre. — Vous avez réussi ! — Comme je n'aurais jamais osé l'espérer. J'ai trouvé une vraie forêt de bois de rose mâles et femelles, avec des angéliques. — Quel m a l h e u r ! — Oh ! tranquillisez-vous, ils en ont pour plus de trois mois, et dans trois mois... vous serez loin. — Puissiez-vous dire vrai ! — J'en suis sûr. E h ! bien mieux que ça, j ' a i idée que toutes ces calamités vous seront plus utiles que nuisibles. — Qu'entendez-vous par là? — Que la saison des pluies va finir pour six semaines à deux mois, que le petit été de mars va commencer, que les Bosh et les Bonis vont descendre, que vous trouverez des canotiers, et que pour une pirogue perdue vous en aurez dix. — Quelle confiance puis-je avoir en ces hommes, quand je vois l'indien Atoucka, mon hôte d'une h e u r e , qui veut me vendre pour une bouteille de tafia. — Les Bonis et les Bosh sont des noirs. Ils ne sont pas traîtres, comme ces vermines de Peaux-Rouges. De plus, ils ne sont pas ivrognes comme eux. A peine s'ils boivent l'alcool des blancs ; de plus, quand vous serez à bord d'un de leurs canots, vous serez en sûreté. Ce sont de braves gens, très fidèles, ne livrant jamais celui auquel ils donnent l'hospitalité. — Ça même, dit Casimir. Li parlé bon bon. — Alors votre avis est d'attendre encore quelques semaines ici? — Non pas ici même, mais à quelques centaines ou milliers de mètres. Vous n'avez qu'à construire un carbet en plein bois, à ne pas laisser de traces de votre passage... Pas le moindre coup de sabre surtout. Ces Indiens sont malins comme de vrais singes. Je vous garantis qu'à moins de tomber de la lune, ou d'être le diable, ils ne vous trouveront pas. — Mais le prix de notre passage dans un canot boni? — Vous avez encore en terre et sur les arbres de quoi nourrir vingt personnes pendant un mois. Après la saison des pluies, les nègres du Maroni ont épuisé toutes leurs provisions. Ils sont maigres comme des clous. Vous en ferez tout ce que vous voudrez en leur donnant des vivres.


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