Ange Pitou Agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846)

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se contentant de signaler une simple médaille, à l'effigie de L o u i s XVI, qui était distribuée dans les rues au m o m e n t de la Fédération. Ces constatations faites, les scellés apposés et c o m m i s à la garde de la concierge, Ange P i t o u fut transféré à la prison de section du T h é â t r e F r a n ç a i s , sise au couvent des Cordeliers, où Pascal et W e t t e r se trouvaient déjà . C h a c u n e des q u a r a n t e huit sections de P a r i s , en effet, possédait u n e c h a m b r e , v u l g a i rement dite « violon », où l'on déposait provisoirement les personnes arrêtés par o r d r e d u c o m i t é ; on n'y restait pas d'ordinaire plus de 24 h e u r e s , sauf aux époques terribles o ù il fallait attendre qu'il y eût de la place d a n s l'une des q u a r a n t e et une grandes prisons de la ville : c'était alors le cas, et le séjour d'Ange P i t o u en ce « violon » de la section d u T h é â t r e F r a n çais se prolongea trois m o i s . Ce local était, c o m m e les autres, extrêmement mal t e n u : déshabillés, fouillés et volés à leur entrée, les p r i s o n n i e r s étaient mal n o u r r i s , couchés sur de la paille p a r c i m o n i e u s e m e n t distribuée et tellement exploités qu'avec dix livres par jour ils pouvaient à peine vivre . Ses c a m a r a d e s p o u r t a n t n ' a b a n d o n naient point Ange P i t o u ; proscrit l u i - m ê m e , La Devèze ne craignait pas de venir en p e r s o n n e à la prison apporter à son ami des consolations et p r o b a b l e m e n t aussi des fonds, et De L a Salle faisait les plus actives d é m a r c h e s en faveur de son collaborateur. 1

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Le 11 nivôse (31 décembre 1793), Ange Pitou et ses co-détenus furent transférés, par o r d r e du comité de la section du T h é â t r e Français, à la Conciergerie, sous l'inculpation de « p r o p o s tendant à la dissolution de la représentation nationale », et sur la dénonciation de H i r c h t m a n n , incarcéré lui aussi à Pélagie, en vertu de la loi des suspects ''. Les formalités d'inscription accomplies, on le conduisit son dévoûmcnt au Roi, ajoute Ange Pitou, il proposait les mesures les plus atroces. En 1795, après le siège du faubourg Saint-Antoine par les amis du Roi,il fut mis en arrestation. On me pressa de fournir des pièces contre lui; Ie refusai parce qu'il était mon ennemi. Il sortit en 1796. Ma conduite à son égard lui fit tant de plaisir qu'il vint me remercier; en 1797, il fit tout son possible pour me sauver de la déportation. Gomme il était devenu Patriote exagéré, Bonaparte le fit déporter en 1800 à Mahée-les-Séchelles. A mon retour je consolai sa veuve. » 1. Ange Pitou. Une vie orageuse. 1.1. p. 7 4 . 2. Proussinalle. Histoire du tribunal révolutionnaire, t. I. p. 3o3. 3. Archives nationales. Série F1; rapport de police du 19 octobre 1793. 4- Archives de la préfecture de police de la Seine. Registre d'écrou.


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