Ange Pitou Agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846)

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et des départements ; Nicole fit c o m m e sa feuille, il prit le n o m de Neuville et alla s'inscrire au cours du chirurgien en chef de l ' H ô t e l - D i e u , le célèbre Dcssault, le futur médecin de L o u i s X V I I , dont les inscriptions étaient devenues u n e sauvegarde contre les perquisitions p o u r crime d'incivisme . 2

Ces diverses occupations prenaient la plus grande partie d u temps d'Ange P i t o u ; il employait le reste à faire son service d a n s la garde nationale, à d o n n e r parfois des leçons a u x jeunes élèves d u citoyen Barbier, et à composer u n e tragédie : l'Autel des Philennes, qu'il présentait au théâtre de la R é p u b l i q u e . T r o u vant peu sûr d'avoir u n domicile à soi, il logeait à l'hôtel de la Paix, rue P e r c é e - A n d r é - d e s - A r c s , n° 2 1 , dans u n e c h a m b r e au p r e m i e r ; ses gains étaient toujours considérables \ Il avait à P a r i s de n o m b r e u s e s relations, correspondait avec ses camarades de C h â t e a u d u n , et n o t a m m e n t avec T h e n a i s i e et son cousin René P i t o u . Ces deux h o m m e s , q u a n d la Vendée leva l'étendard royal, c o u r u r e n t à l'armée d c C h a r e t t e ; ils eurent bientôt la confiance du général, et T h e n a i s i e y devint c o m m i s saire des vivres. P o u r l ' a r m e m e n t et l'approvisionnement de l'armée, il fallait à Paris u n h o m m e s û r ; il d u t i n d i q u e r A n g e P i t o u , qui fut alors choisi par les chefs vendéens, et, p o u r ce service, prit le p s e u d o n y m e de Valainville. Ce rôle sérieux et hardi, joué à cette époque par Ange P i t o u , est a s s u r é m e n t bien fait p o u r s u r p r e n d r e ceux q u i , se fiant à la réputation faite à notre personnage, seraient naturellement portés à ne considérer en lui q u e le côté pittoresque et curieux. Il n ' e n !

1. Ces diverses modifications du Journal Français ont échappé jusqu'ici à l'attention des bibliographes. 2. Le service capital — le mot n'a rien d'excessif — qu'il avait rendu à Nicole, Ange Pitou, quelques jours après, le rendait à Duplain de Sainte Albinc : ce dernier, confiant dans la parenté du révolutionnaire Pierre Duplain, qui venait d'être nommé administrateur des postes, était devenu d'une audace surprenante et bénéficiait toujours de la confusion qui existait entre Duplain le septembrisé et Duplain le septembriseur. Le Courrier Universel attaquait violemment les Jacobins, Robespierre en prit ombrage; on alla aux informations et, à une séance des Jacobins, le malentendu fut expliqué. Par bonheur Pitou put connaître les décisions prises au sujet de son directeur, et Sainte Albinc averti se garda de la vindicte de Maximilien (cf. Une vie orageuse, t. I , p. 70). 3. Archives nationales. W b 372. Dossier 8 3 7 ; affaire Durand, Pascal, Pitou, etc. — Je n'ai pas retrouvé cette tragédie, qui n'a certainement pas été imprimée, et qui peut-être ne fut jamais jouée. 4 . Ange Pitou. Toute la vérité au roi, t. I . p. Î351


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