Ange Pitou Agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846)

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ANGE PITOU

Le Courrier Universel fut bientôt lancé de façon à fournir u n e l o n g u e carrière; il d u r a jusqu'en l'an V I I I , mais, pendant ce laps, des nécessités diverses l'obligèrent à changer vingt-huit fois de titre. Ange P i t o u écrivait, d o n c , dans trois j o u r n a u x , qui m e naient tous u n e c a m p a g n e très vive contre les J a c o b i n s et la C o n v e n t i o n : au m o m e n t du procès du roi, le Journal Français, n o t a m m e n t , se signala par sa violence, et Nicole, arrêté le 26 janvier 1 7 9 3 , mais relâché au bout de quelques jours, vit son domicile pillé et les scellés apposés sur les registres de ses abonnés N o t r e p e r s o n n a g e continuait de fréquenter les clubs et d'y p r e n d r e des notes ; c o m m e il était serviablc et q u ' u n e fréquentation suivie est u n moyen infaillible d'émousser le fanatisme, il se fit très vite d'excellents amis p a r m i les adversaires qu'il c o m battait chaque jour, sans que son i n d é p e n d a n c e en subît la m o i n d r e atteinte. La plus curieuse et la plus avantageuse de ces sympathies fut celle d'un ancien chevalier de Saint-Louis, n o m m é M a n i n s , qui présidait « la Société des défenseurs de la R é p u b l i q u e », c o m m u n é m e n t appelée le C l u b des Fédérés . Cette société, auxiliaire 2

c'est probablement le spçcimcn le plus réussi et le plus amusant du genre : « 8 thermidor an II. — Le nomme Labouré dénonce les employés du bureau des Domaines nationaux. Les uns arrivent au moment où l'inspecteur fait sa tournée, pour s'absenter de suite en laissant leurs chapeaux à leurs places pour tenir lieu de leur présence. Les autres arrivent à 1 1 heures et partent à 1 heure. Il y en a qui entourent leur table de cartons pour se cacher; ils copient de la musique, font des pièces de comédie ; d'autres font des vers pour des femmes. Beaucoup travaillent à des affaires particulières. Les bureaux servent de rendez-vous aux femmes du monde. » 1. Ange Pitou. Une vie orageuse, t. I. p. 83. 2. Id. — Ange Pitou appelle cette réunion « Affiliation des fédérés »; mais sa composition, le lieu de ses séances, la date de sa formation indiquent clairement qu'elle n'était autre que la « Société des défenseurs de la République ». « Dès les premiers temps de sa fondation, déclarc-t-il, MM. Barré, Radet, et Desfontaines, pour conserver leur spectacle du Vaudeville, vinrent souvent assister à la séance, consulter les citoyens fédérés sur leur répertoire théâtral et leur soumettre les productions nouvelles. » — Dans ce même local des Jacobins se réunissaient aussi d'autres sociétés, et notamment celles des Mères de famille et des Epicuriens. Ces diverses réunions donnèrent de l'ombrage aux Jacobins et furent bientôt dissoutes : les Fédérés furent envoyés à la Vendée et à Marseille; on signala ceux qui allèrent à la Vendée et ils n'en revinrent pas, mais les membres influents étaient restés à bas bruit dans le sein de la Société Mère.


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