Ange Pitou Agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846)

Page 65

ANGE

PITOU

41

nait à P a r i s . Bientôt repris de la nostalgie du j o u r n a l , en dépit de la p r o s c r i p t i o n d o n t il était frappé, des m e n a c e s

suspendues

sur sa tête, de l'inimitié c r o i s s a n t e de R o b e s p i e r r e , il

faisait

paraître, le 3 i d é c e m b r e 1 7 1 2 , le Courrier

l'Echo

de Paris,

des départements

et de

Universel

ou

l'étranger.

P i t o u fut n a t u r e l l e m e n t de la c o m b i n a i s o n et la seule c o n c e s sion que ses c o l l a b o r a t e u r s p u r e n t a r r a c h e r à Sainte A l b i n e fut de faire p a r a î t r e le j o u r n a l sous u n p r ê t e - n o m \ Ce d e r n i e r n é a n m o i n s alla h a r d i m e n t se loger d e r r i è r e la p r é fecture de police, c o u r du Palais M a r c h a n d , d a n s la m a i s o n où avait été vendu le fameux collier C a r d i n a l ; q u e l q u e t e m p s a p r è s , son c o u s i n était n o m m é m e m b r e d u t r i b u n a l r é v o l u t i o n n a i r e , et, grâce à l ' h o m o n y m i e , il p u t , p e n d a n t q u e l q u e s m o i s , se s o u s 3

traire aux d é n o n c i a t i o n s inévitables à cette é p o q u e .

qu'à l'intervention de son cousin Pierre Duplain, l'un des amis et bailleurs de fonds de Robespierre : « Robespierre fut plus de trois heures à se laisser fléchir. Depuis le matin, le massacre était commencé; 197 victimes, évoques, curés, diacres et ecclésiastiques de tous les rangs avaient été égorgés dans l'église des Carmes Par 400 forcenés. La vendange étant faite (suivant leur langage) dans le jardin, dans la chapelle, dans les principaux appartements, on monte sur les toits ; chemin faisant, à coups de piques et de barres de fer, on enfonce toutes les portes : les assassins arrivent dans un corridor noir sous les toits, au fond duquel est une chambre fermée; c'est le gîte de duplain de Sainte Albine. On lui commande d'ouvrir : il se tait, se cramponne, le dos sur la porte, les deux pieds tendus comme un arc-boutant sur la poutre de l'édifice, qui formait une fourche dans ce réduit. Les premiers assaillants en appellent d'autres à leur secours: une heure s'écoule; •a serrure est forcée, les gonds chancellent; on résiste. La résistance irrite : °n apporte des torches pour mettre le feu ; l'assaut recommence à coups de chenets, la porte cède. Duplain ouvre, s'arme d'une barre de son lit, dispute sa vie aux bourreaux, en renverse plusieurs à ses pieds et se sent défaillir lorsque son cousin arrive, écarte les assassins, l'emmène chez lui, et, le lendemain, le fait sortir de Paris. » (Ange Pitou. Une vie orageuse, t. I. p. 67). 2- *-es indications intéressantes rectifient les assertions de M. Léon Say 1ui> dans son étude sur Bertin aîné et Bertin de Veaux (cf. Livre du Centenaire du Journal des Débats), attribuait à Nicole la publication de ce journal (cf. Tourneux, Bibliographie de l'histoire de Paris, t. M, n° io858). (< Le prète-nom du journal se nommait Husson : c'était un bonhomme °steiuieux qui se croyait un grand personnage parce qu'il signait un journal dont il pliait les feuilles. La vanité de cet homme, au milieu de ses pareils dont il était l'oracle, nous amusait beaucoup. (Ange Pitou. Une vie orageuse. *' l- P. 70). 3. On aura une idée approximative de la frénésie dénonciatrice d'alors, en Usant la pièce suivante, que j'ai trouvée aux Archives nationales (F1282a) ;


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.