Ange Pitou Agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846)

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PITOU

et enfermé au couvent des Carmes ! Leurs collaborateurs devaient songer à préserver leurs j o u r s . Ange P i t o u put trouver à tous u n e retraite ; le temps d'aller chercher chez lui ce que des pillages répétés lui avaient laissé d'argent, et il menait Nicole, De La Salle, Cassât, Leriche, chez u n n o m m é Brachet, maître d'une pension où il avait été jadis pédagogue, dans u n e maison à double issue, sise cul-de-sac S a i n t - B a r t h é l é m y ; là, près de l'ancienne église, se trouvait u n e m a s u r e a b a n d o n n é e , et, m o y e n n a n t i 5 , o o o livres, ces j o u r n a listes p u r e n t se loger, vivre, s'assurer la discrétion des tenants et des aboutissants d u r a n t ces jours difficiles d'août et de s e p t e m b r e '. Il convient ici de rechercher quelle pouvait être, à cette époque, la situation de fortune d'Ange P i t o u . Le traitement de 6,000 francs, que Marie-Antoinette lui avait fait accorder, avait été le point de départ de sa prospérité, et il ne tardait pas à « avoir u n e part » dans le Petit Gautier, dans le Courrier Extraordinaire et dans le Journal des Mécontens. Les a p p o i n t e m e n t s des journalistes, en effet, devaient alors être comptés de deux façons très différentes : les d é b u t a n t s , jeunes gens p e r d u s à P a r i s , qui se réfugiaient dans u n journal c o m m e des vagabonds dans u n chantier de construction, étaient probablem e n t payés sinon à la ligne, du m o i n s à l'article ou à l'inform a t i o n , mais en tous cas pas bien cher, et presque à titre d'aum ô n e ; q u a n t aux rédacteurs habituels, ils étaient directement intéressés dans l'entreprise, et prélevaient, d'après u n p o u r c e n tage établi, « u n e part » dans les bénéfices au m ê m e titre que les capitalistes d o n t les fonds avaient lancé l'affaire ou que l ' i m p r i m e u r qui avait fourni ses presses : c'était, en s o m m e , le régime de l'égalité p o u r tous ceux qui avaient u n e action dans l'entreprise par leur argent, leur p l u m e , leur m a i n - d ' œ u v r e , et,

il prit le nom de Syonnet et échappa à la mort en s'enfonçant dans son antre. Un ancien plicur du Journal de la Cour et de la Ville le fit entrer sous ce dernier nom comme plicur au Journal de la Montagne : il se tapit là jusqu'au 9 thermidor. Il songeait à recommencer son journal, mais, se trouvant seul, car nous avions d'autres entreprises, il redevint commislibraire et mourut en 1808, après avoir follement dissipé une fortune qu'il avait acquise pour donner sa signature au Journal de la Cour et de la Ville. » 1. Ange Pitou. Toute la vérité au roi. t. I. p. 1^4. — L'Urne des Stuarts. p. 29.


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