Ange Pitou Agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846)

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spéciaux, où quatre places étaient mises à la disposition des voyageurs, les a b o n n é s ayant la préférence, et les marchandises transportées au prix des diligences. Ces avantages ne firent cependant pas réussir la c o m b i n a i s o n et bientôt le Courrier Extraordinaire de Sainte Albine resta le seul et u n i q u e « premier arrivé ». Ce journal s'était, tout d'abord, m o n t r é hostile au r o i ; mais, au m o m e n t de l'entrée d'Ange P i t o u , il opérait u n e conversion assez b r u s q u e et significative. Le hasard lui avait d o n n é le plus curieux voisinage ; ses b u r e a u x , situés faubourg S a i n t - G e r m a i n , rue du P a o n , hôtel de T o u r s , d o n n a i e n t , par la cour intérieure, sur les a p p a r t e m e n t s particuliers d ' u n cousin germain de Sainte Albine, Pierre D u p l a i n , libraire, qui habitait cour du C o m merce. O r , ce Pierre Duplain était u n révolutionnaire exalté; son domicile servait de lieu de r é u n i o n aux jacobins les plus fameux, et c'est là que se décidait la ligne de conduite du parti ; cette parenté rendit à Sainte Albine de bien grands services et ce voisinage fournit aux écrivains royalistes d'assez précieuses indications sur les résolutions de leurs adversaires. Cette collaboration au Courrier Extraordinaire fut, p o u r Ange Pitou, u n e excellente aubaine, car, en cette année 1790, les bureaux du Petit Gautier furent pillés à cinq reprises différentes, et c o m m e , en visitant les b u r e a u x , les pillards n'oubliaient pas la caisse, les parts des rédacteurs s'en trouvaient d i m i n u é e s d'autant. Il dut, en outre, p o u r s u i v r e la mission que la reine lui avait d o n n é e et, dans ces t e m p s agités, il fut a s s u r é m e n t u n de ces tirailleurs d'avant-garde qui, à chaque événement notable, jetaient dans la circulation p a m p h l e t s et libelles p o u r enfiévrer l'opinion publique ; son style, vraisemblablement, s'amenda ci prit de la vivacité et de l'allure; mais dans cette m u l t i plicité de libelles que, dans sa m a r c h e , la R é v o l u t i o n soulevait autour d'elle comme u n e poussière , il est presque i m p o s 1

ï« Peut-être cependant pourrait-on attribuera Ange Pitou la paternité du Vexilla régis. De l'imprimerie du sujet fidèle. A l'enseigne du bon roi, 1790 (Bibl. Nat. Lb 4335). Dans ce violent pamphlet contre le duc d'Orléans, ] ai b i cru reconnaître la facture de Pitou, le même abus de citations latines et religieuses, la même enflure, les mêmes exagérations. Dans les Révolutions de Paris (n° 52), Prudhommc laisse entendre que Çs pamphlets, qui agissaient très fort sur l'opinion, étaient composés par des rédacteurs de journaux royalistes, gagés par le ministère; il ne se trompait Pas trop dans cette supposition. Ces pamphlets étaient, au reste, d'un bon rapport pour leurs auteurs, si l'on s'en rapporte à cette apostrophe de 19

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