Ange Pitou Agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846)

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PIÈCES

JUSTIFICATIVES

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espoir, si je ne connaissais la sollicitude paternelle qui vous anime pour les vrais amis du Roi. Votre Excellence « a lu ma réclamation et les titres honorables que je parais avoir à la bienveillance du Roi ». Monseigneur, j'ai cru joindre la réalité aux apparences. Le maire de ma commune vient de me prêter deux ouvrages d'un h o m m e célèbre par les sacrifices et les malheurs qui nous ont réunis à la même cause depuis vingt-cinq ans. Ces ouvrages sont VAnalyse

de mes malheurs et de mes persécutions pendant vingt-sept ans et l'Urne des Stuarts et des Bourbons, par M. Louis Ange Pitou. La première catastrophe que j'éprouvai en 1 7 9 2 est aussi tristement célèbre que les malheurs de M. Pitou. N o u s avons combattu et travaillé ensemble ; et, si son témoignage est valable, je prie Votre Excellence de le lui demander. Depuis 1 8 0 4 , j'ai perdu de vue M. P i t o u ; il me croit mort, et m o i même je ne le croyais plus existant; car seul, isolé et enseveli dans la misère, je suis anéanti depuis dix ans. N o u s nous séparâmes avec M. Pitou en 1 8 0 4 , le jour que le brave et malheureux Pichegru, se croyant assuré de l'entreprise, refusa le modeste asile que nous lui offrîmes. Mes relations avec M. Pitou datent de 1 7 9 3 . Je prie Votre Excellence de me permettre de résumer les événemens. Au mois de mai 1 7 9 3 mes plaies étaient fermées; la Vendée ayant levé l'étendard royal, je partis pour La Flèche, avec un passeport, sous le nom de Grouillardeau, mon cousin. Comme j'étais réputé mort, il ne risquait rien de me prêter son nom ; j'allais soidisant recouvrer quelques créances; je fus arrêté en chemin par les éclaireurs vendéens, et, sur ma demande, envoyé au général Charette. Mes cicatrices et les détails que je donnai me servirent de certificat d'admission. Il me donna, au bout de huit jours, des fonds et deux lettres, une pour M. Gremi, marchand à Bonnétable, l'autre pour M. Valainville, à Paris (M. Pitou, demeurant rue Percée SaintAndré-des-Arcs). M. Pitou était connu du général et par son compatriote Thenaisie, avec lequel il avait fait ses études, et par son cousin René Pitou. Ces deux braves combattirent pour le Roi, dès le premier moment que parut l'étendard royal. Charette avait adressé à M. Pitou deux frères n o m m é s Lorrains ; M. Pitou les avait envoyés en éclaireurs à Chartres et à Orléans : il fallait un dépôt à Paris et un intermédiaire pour suivre la correspondance et les envois. Je me rendis à Bonnétable chez M. Grémi ; en lui parlant de ma lettre de recommandation pour M. Valainville, il me nomma M. Pitou, et ajouta : c'est un h o m m e sûr, il nous est connu pour partager les principes de ses parents qui étaient attachés au d u c de L u y n e s .


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