Ange Pitou Agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846)

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ANGE

PITOU

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Saint-André-des-Arcs ; ses propriétaires, h e u r e u s e m e n t , n'avaient pas l'âme dure et le logeaient u n peu par charité. T o u t son temps était employé à écrire des pétitions, des réclamations, des exposés de son affaire, plus confus et plus obscurs les u n s que les autres, et à les adresser aux administrations, q u i , à coup sûr, ne les lisaient pas, et q u i , les eussent-elles lus, ne les eussent cert a i n e m e n t pas c o m p r i s . A ces exercices, hélas! bien inutiles, passait tout son argent, et, en 1 8 3 6 , le m a l h e u r e u x en était réduit à mendier dans les rues ! Viollet Le D u c intervint à nouveau avec plus d'insistance et l'on p r o m i t de presser les c h o s e s ; il était t e m p s , car l'intéressé avait soixante-dix ans ! Il ne fallait point compter liquider cette créance sur les données et les bases de 1825 et de 1828 : la situation, depuis lors, était bien changée, et le g o u v e r n e m e n t c o n s e n tait tout au plus à accorder à l'ancien c h a n t e u r u n e existence, c'est-à-dire juste de quoi ne pas m o u r i r de faim. Il ne put, d'abord, se s o u m e t t r e à cette s o l u t i o n ; depuis trop l o n g t e m p s , il attendait une fortune p o u r se contenter d ' u n aussi m o d i q u e secours, et il c o n t i n u a ses réclamations. Ce vieillard de soixante et onze a n s , qui avait déjà u n pied dans la t o m b e , revendiquait toujours avec une énergie, que rien ne pouvait abattre, l'argent qu'il avait avancé, à q u a r a n t e a n s de là, p o u r le service des B o u r b o n s ; jusqu'en 1839, ^ rédigeait des pétitions à l'adresse des C h a m b r e s et les publiait à cette date, sous ces titres : Cause unique et de premier ordre. Pétitions et révélations avec pièces à V appui remises en I83J, i838 et i83g, aux deux Chambres législatives et aux trois pouvoirs réunis; la d e r n i è r e de ces publications porte le sous titre Mandat. Titre de ma créance, et à la fin on lit : « la suite i n c e s s a m m e n t ». Il semble cependant que cette suite ne fut pas publiée, faute de fonds peut-être. C'est, aux archives de la C h a m b r e des Députés, q u e n o u s avons trouvé les derniers d o c u m e n t s concernant A n g e P i t o u ; ce sont deux lettres, en date d u 22 juin 1839, au président de la c o m m i s s i o n du budget de 1840 et au ministre des finances; dans l'une c o m m e d a n s l'autre, il d e m a n d e u n e audience, celle-là se t e r m i n e par le p o s t - s c r i p t u m suivant : « Je répète à Son Excellence m a note de la lettre du 18 m a i ; n o u s s o m m e s maîtres de l'édition de ces m é m o i r e s qui n'ont eu jusqu'à ce jour q u ' u n e publicité circonspecte : si Son Excellence consulte les c o m m i s s i o n s , elles lui d i r o n t si ce m é m o i r e peut être livré au public et aux échos de la presse. »


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