Ange Pitou Agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846)

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ANGE PITOU

a î n é ' . L o u i s Pitou ne put survivre à ce nouveau coup d'un destin inexorable : le 10 juin 1 7 7 6 , il m o u r a i t à Gonie , laissant son fils aux m a i n s d'une épouse assez peu avisée, sans fortune ni défense, ou d'une s œ u r dont il ne connaissait que trop le caractère. De fait, Ange P i t o u était à la merci de sa tante, puisque celle-ci n'était engagée à son égard que sur simple parole : elle fit savoir qu'elle entendait se charger de l'éducation de son neveu et, à cet effet, le retira de la maison maternelle p o u r le p r e n d r e chez elle . Magdeleine P i t o u avait alors cinquante-cinq ans : elle possédait u n e fortune suffisante et quelques rentes acquises dans le c o m merce ou provenues de successions diverses; c'était, au reste, le type de cette vieille fille acariâtre et dévote, q u ' u n e inutile virginité, les hasards et les humiliations du négoce ont aigrie et q u i déteste le mariage de tout le fiel accumulé dans les cinquante années d'un célibat forcé. T o u t e son a m b i t i o n se haussait à faire de son neveu un prêtre et, sans jamais s'en être ouverte à l'enfant, elle travaillait à relever ses goûts en ce sens et à lui d o n n e r le désir d'un aussi h a u t établissement. Ange P i t o u fut alors mis au collège de C h â t e a u d u n ; il se montra bon écolier et eut quelques succès dont sa tante fut satisfaite. C e p e n d a n t les souvenirs, dont on l'entretenait sans cesse, de Pierre P i t h o u et de P o t h i e r , lui d o n n è r e n t de l'inclination p o u r le b a r r e a u et, en 1 7 8 1 , il d e m a n d a à étudier en d r o i t ; on lui opposa u n refus formel et sa tante, dévoilant ses projets, lui fit c o m p r e n d r e qu'il n'eût point à c o m p t e r sur sa succession, s'il ne répondait à ses vues. La soumission était p é n i b l e ; le jeune adolescent ne se sentait, en effet, a u c u n e vocation religieuse et il était p a r t i c u l i è r e m e n t épouvanté à l'idée de ce terrible vœu de chasteté qu'il se présumait incapable de tenir, sans peut-être en c o m p r e n d r e encore l'absolue signification *. N é a n m o i n s , c o m m e cette échéance était lointaine et q u e la résistance ne l'eût avancé en rien, il ne récrimina point : sa tante alors l'envoya à C h a r t r e s suivre les cours du grand séminaire de Beaulieu, où il eut p o u r camarades et amis, T h c n a i s i e , qui devait plus tard jouer u n certain rôle dans les guerres de Vendée et u n de ses cousins, René Pitou \ 2

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1. 2. 3. 4. 5.

Ange Pitou. Voyage à Cayenne. t. I, p. ix. Registres d'état-civil de la paroisse de Conie. Ange Pitou. Voyage à Cayenne. t. I, p. ix. Id. t. I. p. xiii. — L'Urne des Stuarts et des Bourbons, Id. Le Trône du Martyr, p. 17,

p. 8.


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