Ange Pitou Agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846)

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nements extraordinaires, dont il n'avait été ni l'acteur ni le témoin, et dont il ne pouvait être le juge impartial. Ce fut d o n c le 3 n o v e m b r e 1815 qu'Ange P i t o u adressa son premier m é m o i r e au ministère ; le 1 o, il lui fut fait réponse q u ' o n s'occupait d'un nouveau travail sur les pensions de la Maison du Roi et que l'on tâcherait de l'y c o m p r e n d r e on ne s'engageait pas b e a u c o u p , mais le réclamant prit patience, bien tranquillisé s u r la reconnaissance de sa créance dont il voyait le titre et le gage dans les paiements mensuels de la pension que le Roi lui avait accordée. Il profita de ce répit p o u r publier, en septembre 1 8 1 6 , un livre intitulé : Analyse de mes malheurs et de mes persécutions depuis vingt-six ans. Cet ouvrage avait u n e supériorité sur Y Urne des Stuarts; on pouvait le lire : c'était, à vrai dire, u n e littérature toute p e r s o n n e l l e ; l'auteur n'y parlait q u e de lui et des plus notables événements de sa vie à l'époque r é v o l u t i o n naire, mais les anecdotes étaient assez bien choisies, le style acceptable, l'intérêt suffisamment soutenu, et surtout l'auteur s'était gardé d c l ' é c u e i l , contre lequel il devait si souvent d o n n e r par la suite, la confusion et l'ennui. Le livre fut naturellement adressé à toutes les p e r s o n n e s qui de près ou de loin étaient mêlées aux réclamations de l'écrivain : il y joignit alors u n e nouvelle pétition au comte de P r a d e l , et cette lettre fut remise à ce dernier par le d u c d'Avaray, qui s'était intéressé tout spécialement à cette affaire et devait par la suite prêter à Ange P i t o u u n e protection et u n c o n c o u r s c o n s tants, témoignages certains d'une âme vraiment n o b l e . A cette nouvelle d e m a n d e le ministre répondit, le 26 octobre, q u ' o n ne pouvait plus rien en faveur du réclamant, q u ' o n avait fait p o u r lui « tout ce que permettaient les circonstances difficiles, dans lesquelles » etc., e t c . . on peut continuer la formule, elle n'a pas changé d e p u i s ! C'était là u n très mauvais son de cloche, d'autant q u ' o n lui avait auparavant d e m a n d é des preuves à l'appui de ses réclamations, et qu'il croyait en avoir fourni de suffisantes. Il en écrivit de suite au chancelier, qui déclara que cette affaire ne le regardait pas ; ce q u e voyant, il s'adressa directement au R o i , auquel il fit parvenir, le 1 décembre 1 8 1 6 , sa quatrième pétition, avec r e c o m m a n d a t i o n du chancelier, du grand référendaire et du duc d'Avaray. Cette nouvelle d é m a r c h e remit e r

1. Toute la Vérité au Roi. t. I, p. 107.


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