Ange Pitou Agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846)

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ANGE

PITOU

pas été possible, malgré de n o m b r e u s e s r e c h e r c h e s , de retrouver la trace. Aussi faut-il enregistrer p u r e m e n t et simplement, sans chercher à les expliquer, des différences d'évaluation aussi considérables que celles qui se p r o d u i s i r e n t en 1825 et 1828 : en 1825, les trois c o m m i s s a i r e s , chargés officiellement de l'examen de l'affaire d'Ange P i t o u , fixaient à 5 4 5 , 7 5 0 francs le chiffre de sa créance ; le comte D a r u , en 1828, le portait à I , , 5 I 5 , 3 O O francs. L'explication de cette différence se trouve peut-être dans un coin ignoré des archives de q u e l q u e m i n i s t è r e , et l'on n'en peut espérer la découverte q u e d ' u n b o n hasard : n o u s n ' a u r o n s donc ici à faire état que sur les d o c u m e n t s acquis et déterminerons seulement la nature de cette dette de 5 4 5 , 7 5 0 francs, dont Ie détail est c o n n u et sur laquelle la discussion, sinon le contrôle, peut s'exercer. A u t a n t q u ' o n peut en juger, la seule partie de cette dette, qui ait un véritable caractère politique et qui d o n n e aux réclamations d'Ange P i t o u u n e signification exceptionnelle, vise une s o m m e de 320,000 francs, par lui avancée p o u r la cause royale de 1795 au 18 fructidor 1 7 9 7 : dans ce total figurent les versem e n t s par lui faits lors des affaires Geslin de la Villeneuve et des c o m m i s s a i r e s r o y a u x , les 60,000 francs avancés à Pichegrn avant le 18 fructidor, et les intérêts de ces s o m m e s capitalisés jusqu'à la date de la p r o d u c t i o n officielle d u c o m p t e . Cet argent avait été directement prêté à la cause royale à titre d'avances, p o u r u n service officiel : c'était d o n c u n e véritable dette d'honn e u r , d o n t le r e m b o u r s e m e n t était i m p é r i e u s e m e n t commandé par les lois m ê m e de la délicatesse et de la p r o b i t é . 1

E n o u t r e , A n g e P i t o u , qui savait avoir de la logique quand ses intérêts étaient en jeu, considérant q u e sa faillite et sa déconfiture commerciale p r o v e n a i e n t du fait des engagements par lui pris au m o m e n t du 18 F r u c t i d o r réclamait au Roi les frais divers de cette faillite et les pertes par lui faites à ce p r o p o s . A u point de vue strictement j u r i d i q u e , cette prétention était inadmissible ; mais, d a n s de telles revendications il ne fallait pas regarder de trop p r è s , juger au contraire, les choses de h a u t , dédaigner les arguties et les chicanes, m o n t r e r , en un mot, u n e générosité r o y a l e ; c'est ce que comp r i r e n t les commissaires de 1825, qui n'hésitèrent pas à fare

1. On a vu que cette somme avait été prêtée à plus de 6 %, ce qui permet à Napoléon d'arrêter les poursutes par la menace faite aux créanciers du serment décisoirc.


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