Ange Pitou Agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846)

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ANGE

PITOU

République et contre la sûreté individuelle des citoyens : ils sont prévus par la loi du 12 floréal an III, par l'article 612 dunouveau Code des délits et des peines et par la loi du 27 germinal an IV. Le 29 vendémiaire, le jury p r o n o n ç a i t qu'il y avait lieu, et u n e o r d o n n a n c e de prise de corps était r e n d u e contre Ange P i t o u , qu'on transféra à la Conciergerie le I brumaire, Le 9, l'affaire était appelée; le citoyen Bexon présidait, assisté des juges L e n a i n , C h i n i a c , Benabcn et D e n i s o t ; le commissaire du pouvoir exécutif se n o m m a i t D e s m a i s o n s , et dans le jury on r e m a r q u a i t Mercier, l'auteur du Tableau de Paris, l'ancien p a t r o n d'Ange P i t o u , et H a r m a n d (de la Meuse). La peine e n c o u r u e était la mort, mais l'admission des circonstances atténuantes la c o m m u a i t en celle de la déportation : les jurés restèrent cinq heures aux o p i n i o n s , les u n s voulant la mort, d'autres, c o m m e Mercier, réclamant la mise en liberté immédiate, tous enfin se mirent d'accord sur la question des circonstances atténuantes, que proposa H a r m a n d (de la Meuse) ' ; 1 commissaire du pouvoir exécutif requit alors la déportation a perpétuité à Madagascar, et le jugement fut rendu en ce sens Toutefois le texte se ressentit quelque peu de la précipitation avec laquelle avait été rendu l'arrêt, il ne spécifiait, en effet, ni la durée ni le lieu de la déportation. P o u r gagner du temps, I c o n d a m n é interjeta appel ; il fut transféré à la Force, puis a Bicêtre et, le 1 0 nivôse, la cour de cassation rejetait son pourvoiL'arrestation, la c o n d a m n a t i o n d'Ange P i t o u mirent la rue en d e u i l ; le peuple ne cacha point son m é c o n t e n t e m e n t qu'on lui eût prit son c h a n t e u r aimé : E R

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Un homme — lit-on dans les Nouvelles politiques — établi deptuis longtemps sur la place du Louvre, amusait les passants par des chansons très innocentes et qui ne manquaient ni d'esprit, ni de raison, seulement il se permettait quelques sarcasmes contre les jacobins et paraissait très zélé partisan de la représentation nationale et de la 1. Ange Pitou. Une Vie orageuse, t. I. p. 215. 2. Voir le texte de ce jugement aux pièces justificatives. — La Clef du cabinet des souverains, le 12 brumaire an VI, annonce ainsi cette condamnation : « Le célèbre Pitou, espèce de troubadour des rues qui par des vers,des chansons et îles préambules anti-républicains, corrompait chaque jour l'opinion publique, a été condamné à la déportation comme l'agent de ccux qui, pendant les mois de messidor, thermidor et fructidor, voulaient renverser le gouvernement. »


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