Ange Pitou Agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846)

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ANGE

PITOU

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tranquillité publique, trouve sur la place voisine de la porte du Louvre et de la rue du Coq un groupe assez considérable au milieu duquel était Pitou débitant des chansons. Il demande à Pitou l'exhibition de la permission qu'il devait avoir obtenue du bureau central Pour chanter sur les places p u b l i q u e s ; Pitou lui répond : « Où est ton pouvoir pour me faire cette demande? » Le commissaire lui fait voir aussitôt s o n chaperon, et Pitou montre u n e patente de marchand ambulant. Le commissaire de police, ne regardant pas cette patente c o m m e un titre suffisant pour autoriser Pitou à former un rassemblement, l'invite à venir au bureau de police, situé à côté de cette place. Il s'y rend, le commissaire de police lui demande p o u r quoi il se présentoit sur la place sans être muni d'une permission a n s laquelle personne ne peut former de r a s s e m b l e m e n t ? Pitou lui répond qu'ayant été arrêté et ensuite mis en liberté, le bureau central 'était permis, contre tout droit, de lui retirer sa permission, ajoutant qu'ils étoient des fripons. s

s

Cependant la venue de Pitou au bureau de police avait occasionné n rassemblement très nombreux, qui troublait le conseil de discipline dans ses délibérations. L'adjudant en second était descendu deux fois pour engager le public rassemblé, tant dans la cour qu'à la Porte, à se retirer. U n e bonne citoyenne s'avisa de dire qu'on ferait bien d'arrêter Pitou, qui, en chantant, se permettait de pérorer le peuple ; une des femmes du rassemblement la menaça de la tuer. T o u tes fois le commissaire de police renvoya Pitou en liberté. Lui retiré, le commissaire de police fut obligé de faire marcher une patrouille P°ur dissoudre les groupes restant en place et tenant des propos incendiaires '. u

C e p e n d a n t , d a n s la F r a n c e et p l u s v i v e m e n t e n c o r e à P a r i s , se Manifestait u n très sensible r e t o u r de la n a t i o n à l'idée m o n a r chique ; les élections v e n a i e n t d ' a m e n e r aux conseils u n e

majo-

r é n e t t e m e n t a n t i - g o u v e r n e m e n t a l e ; B a r t h é l é m y , à la p r é s i d e n c e des C i n q - C e n t s , dressait, e n face d u Directoire d é c o n s i d é r é , u n e autorité, forte de l'appui du p a y s ; P i c h e g r u était l ' h o m m e le Plus p o p u l a i r e d e F r a n c e , le s a u v e u r a t t e n d u p o u r faire cesser une situation aussi i n t o l é r a b l e . U n c o u p d ' É t a t était d a n s l'air, restait à savoir au bénéfice de qui il serait réalisé. L e D i r e c t o i r e , expert en la m a t i è r e , c o m p t a i t , c o m m e au i 3 v e n d é m i a i r e , sur l'armée massée s o u s P a r i s , et mandait m ê m e A u g e r e a u

pour opérer

brutalement contre

la

1.Dans les rapports du 25 thermidor, on lit : «Le nommé Pitou, chanteur, ayant causé un rassemblement dont la plupart des citoyens ont marqué leur mécontentement par le début de ses chansons, a été conduit chez lecommissaire des Gardes françaises » (Archives Nationales, AF' 1478). V


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