Ange Pitou Agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846)

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Ange Pitou parvint cependant à déjouer les diverses ruses Policières et traversa h e u r e u s e m e n t les m a c h i n a t i o n s de ses adversaires; il chantait toujours, il écrivait peut-être aussi dans les j o u r n a u x ', et ses succès de la rue, il les réunissait en un volume qu'il publia vers le mois de prairial an V, sous ce titre : Le Chanteur ou le préjuge vaincu. A cette date, n o u s le retrouvons en prison où il ne fait d'ailleurs q u ' u n très bref séjour en messidor, les rapports de la Police de l'État-Major le signalent assez fréquemment, et la découverte totale de ces d o c u m e n t s de premier ordre permettrait de retracer son existence, presque jour par jour, à cette époque la plus i m p o r t a n t e de sa vie. Le chanteur du cloître Saint-Germain-l'Auxerrois — lit-on à la date du a messidor an V — accompagné d'une femme, continue toujours d'amasser du monde autour de lui, il se permet les sorties les plus vigoureuses et les sarcasmes les plus piquants contre le Gouvernement''. Le 17 messidor, l'observateur s'occupe s u r t o u t de l'auditoire du c h a n t e u r : Vers les six heures du soir on a remarqué dans le grouppe qui entourait le chanteur de la place Saint-Germain-l'Auxerrois beaucoup de ses affidés que l'on dit être des prêtres réfractaires faisant chorus et des signes au chanteur, lorsqu'il prononçait dans ses chansons quelques mots satiriques contre le Gouvernement. On les a entendus regretter l'ancien régime et dire que tous les gouvernants étaient des Scélérats, qui auront avant peu ce qu'ils méritent. 1- Au tome III d'Une vie orageuse (p. 4 3 ) , Ange Pitou déclare qu'en 1 7 9 6 " il usa avec modération de la liberté de la presse »; quelques lignes plus j0ln, il ajoute qu'en 1 7 9 7 « les presses de deux imprimeurs roulaient pour Ul "• U ajoute : « L'un d'eux (il veut parler de Guillemot), qui était d'une oP'nion opposée à la mienne, mais à qui j'avais sauvé la vie en 1 7 9 5 , à l'époquc du siège du faubourg Saint-Antoine, me prévenait de ce que j'avais a Craindre. Cet homme avait été membre du comité de la section Marat; il m ' r r ê t a en 1 7 9 3 ; il était un des signataires pour le roi de la pétition des 20,00 : la crainte l'avait fait virer de bord. » Je n'ai pu découvrir le nom du journal auquel Pitou aurait collaboré : il ne le cite dans aucun de ses 0uvrages. 2. Arrêt de la cour de cassation du 10 nivôse an VI, publié dans Y Analyse de mes malheurs. 3.Archives Nationales, AFIV 1 4 7 7 . — Les trois documents transcrits ciaprès sont également tirés de ce même carton. Ces rapports de la police de l'état-major (du i"r messidor au 2 6 thermidor) figurent par erreur aux Archives Nationales, dans ce carton et le suilvant, insérés au milieu des rapports du bureau central.


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