Ange Pitou Agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846)

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Ce fut, d'après lui, la corruption qui sauva la vie des conspirateurs : 3oo,ooo francs, à lui remis par les royalistes, et 26o,ooo francs environ, qu'il avança personnellement, soldèrent les trais de cette a v e n t u r e . tj « Lors de l'instruction des commissaires-royaux, déclare-t-il, J ai reçu et distribué p o u r eux au peuple des t r i b u n e s de la garde et aux p e r s o n n e s qui avaient du crédit 3oo,ooo francs, -e Directoire l u i - m ê m e fut circonvenu, sans qu'il s'en doutât, Par de jolies pétitionnaires qui obtinrent son indulgence Si on nie demande quel costume j'avais alors, je réponds que j'en avais un fort analogue. » Le sens de cette dernière phrase, je l'avoue, m'échappe : doiton en inférer q u ' A n g e P i t o u , déguisé en femme, fut l'une de ces « jolies pétitionnaires », qui circonvinrent les directeurs? le falt serait a m u s a n t , bien que suffisamment scabreux. De plus, 260,000 francs e n v i r o n , p r o v e n u s de ses deniers p e r sonnels, furent employés par Ange Pitou p o u r parfaire le prix la laCommutation de peine des commissaires royaux, obtenir lamiseen liberté des deux demoiselles More de P r é m i l o n , et surscoir indéfiniment à l'exécution des deux émigrés V e r m o t et Bargetton-La-Tour-Dupin. O n connaît très peu de choses de ces demoiselles A n n e - M a g d e leine et Marie-Josèphe M o r e de P r é m i l o n . Les historiens, qui de ont parlé avec assez d'indécision *, les qualifient d ' « amies » de La V i l l e u r n o y ; « a m i e s » , certes, mais l'âge des titulaires qui était alors de c i n q u a n t e ans, permet d'interpréter ce m o t dans son sens le plus p l a t o n i q u e . Ces demoiselles, qui habitèrent s u c cessivemcnt au Marais les rues Neuve Sainte-Catherine et C u l -

Pierre Molette et M"0" More de Prémilon; ces mêmes titres irrécusables et inimitables précisent et confirment les recettes et les dépenses extraordinaires laites pour le Roi, aux époques indiquées ci-dessus. » I. Les comrmssaires royaux, en effet, employaient souvent des femmes pourl'exécution Je leurs desseins politiques. Voici ce qu'on lit à ce sujet dans le tome III (p.494) tic La Venciee militaire de M- Grétineau-Joly : « Les COmrnissaires royaux s'étaient livrés corps et âme aux intrigantes que la Cupidité, l'ambition ou le plaisir réunissaient autour de Hoche. Ces femmes avaient mission de l'espionner et, plus fidèles à l'amour du général qu'aux calculs des royalistes, elles trahissaient les secrets de ceux-ci pour sefaire bien venir de celui-là. » 2. Ainsi M. Honoré Bonhomme, qui publia la correspondance de La Villeurnoy avec demoiselles, les appelle More; M. Victor Pierre, dans sa publication sur le 18 fructidor, voit sous les noms More et de Prémilon deux Personnes différentes.


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