CHAPITRE X
PITOU
« L'AUXERROIS
»
TRICES, SES SUCCÈS. —
:
SES CHANSONS, SON
ANGE
CERCLE,
SES ADMIRA-
P I T O U E T LA P O L I C E : L E S O B S E R V A -
T E U R S D E LA P O L I C E D E L ' É T A T - M A J O R .
—
L'AFFAIRE
DES
COMMIS-
SAIRES-ROYAUX : LES DESSOUS D'UN JUGEMENT.
Au sortir de la Force, dès qu'il fut rendu à la rue, Ange P i t o u remonta sur ses tréteaux, reprit le contact de la foule, et r e c o m mença sa propagande chantée contre la Révolution. P o u r lieu ordinaire de son cercle il avait choisi la place SaintGermain-l'Auxerrois et son souvenir fut m ê m e si étroitement lié à cet endroit, que le s u r n o m lui vint de Pitou « l'Auxerrois ». Le c h a n t e u r royaliste ne pouvait choisir u n meilleur e m p l a c e m e n t : Saint-Germain-l'Auxerrois était, en effet, l'ancienne Paroisse des rois de F r a n c e , et le voisinage du L o u v r e d o n n a i t à ce coin de Paris un caractère de tranquille distinction, qu'il n'a pas encore perdu de nos j o u r s . La topographie de la place n'était point sous le Directoire la m ê m e q u ' a u j o u r d ' h u i : la vue directe qu'elle possède actuellement sur le Louvre était alors interceptée par u n e rangée de maisons, qui la fermait littéralement et en faisait u n cul de sac où l'on accédait par deux rues parallèles, longeant l'église, la rue du Cloître et la rue des P r ê t r e s - S a i n t - G e r m a i n - l ' A u x e r r o i s . La disposition du lieu était exactement celle d'un t h é â t r e ; car, au débouché m ê m e de la rue des Prêtres, la ligne des maisons Présentait une rentrée assez accentuée, qui simulait u n e scène et semblait faite p o u r installer des tréteaux; à côté était un puits, ombragé de deux arbres : c'était là l'endroit exact où se tenait 1
1.• Consulter h ce sujet le plan de T u r g o t .