Ange Pitou Agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846)

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ANGE

PITOU

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Liberté; les sectionnaires, p o u r ameuter la foule, p r o m è n e n t les leurs par les rues : cette m a n œ u v r e réussit, et bientôt la troupe est cernée de toutes parts. P o u r se dégager, celle-ci porte son effort sur les sectionnaires de la rive gauche, et u n bataillon, déployé du Pont Royal au quai de l'École, fait feu sur la section de l ' U n i t é , établie sur le quai des Q u a t r e - N a t i o n s , tandis que les c a n o n n i e r s la prennent d'autre part en flanc à h a u t e u r de la rue de B e a u n e . A sept heures du soir, de N a n t e r r e et de S a i n t - G e r m a i n , des secours arrivent aux sectionnaires, mais, enveloppés qu'ils sont Par les conventionnels des C h a m p s - E l y s é e s , leur jonction ne Peut s'opérer; le vif de l'action est toujours rue de l'Échelle en face Saint-Roch et rue de Richelieu. A onze heures le feu cesse... Cependant le calme le plus effrayant règne dans toute la ville, et, comme l'apathie et la paresse sont la seconde nature des riches et des indolens, aucun ne songe à dépaver les rues, soit pour se défendre, soit Pour empêcher l'ennemi d'avancer. Le silence de la nuit n'est interrompu que par les cris de quelques mères de famille, renfermées chez elles qui versent des pleurs et demandent aux passants ou à leurs v°isins des nouvelles de leurs pères, de leurs époux ou de leurs enfants. Quelques-unes, attachées au brancard sanglant, sur lequel on apporte leurs parents, sont échevelées, couvertes de sang, pâles et Poussent des cris de vengeance et de désespoir. Des deux côtés, la nuit est employée à ramasser les cadavres qui sont jetés par m o n c e a u x dans l'église Saint-Roch p o u r être ensuite enterrés au cimetière de la Madeleine : le chiffre en est de 200 pour les c o n v e n t i o n n e l s , d e 3 , o o o p o u r les sectionnaires; (( rnais si Paris n'est pas à feu et à sang — avoue Ange P i t o u — " n ° u s devons en savoir gré à la t r o u p e de ligne, car dans la <( nuit du i 3 au 14, p e r s o n n e n'a songé à se mettre sur la d é <( Pensive, et les chefs sectionnaires ont été les p l u s lâches et les (( Plus s o u m i s ». Le 14 vendémiaire, au petit m a t i n , les b a d a u d s , suivant leur constante c o u t u m e , vont voir le théâtre des événements de la VeiUe;les C o n v e n t i o n n e l s laissent faire. U n e prise d'armes a lieu a neuf heures du m a t i n , et la générale est battue : le comité du Tnéâtre F r a n ç a i s a lancé un violent appel aux a r m e s , auquel Seule a r é p o n d u la section Lepelletier; l'abattement est général Parmi les sectionnaires, et à onze h e u r e s toute résistance a cessé. La troupe alors, sans c o u p férir, s'empare de la section Lepellctier a b a n d o n n é e .


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