Ange Pitou Agent royaliste et chanteur des rues (1767-1846)

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ANGE PITOU

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Ht-on dans u n r a p p o r t — les c h a n s o n n i e r s Bellerose et c o m p a gnie attirent tous les soirs b e a u c o u p de soldats qui n'y viennent que pour les filles avec lesquelles ils libertinent d'une manière dégoûtante ; le public est indigné. » Q u o i qu'il en soit, Bellerose était un parfait sans-culotte, et sa voix au service des Jacobins et de la Société-Mère. Leveau, dit B e a u c h a n t et son camarade Ansselin, dit la Gaîté, méritent u n e m e n t i o n spéciale, et leur cas est des plus amusants. D'abord royalistes enthousiastes, ils se qualifient magnifiquement « c h a n t e u r s des M e n u s plaisirs du Roi et de la famille Royale », devant qui ils se vantant, sur leurs cahiers, d'avoir chanté « dans la C o u r de m a r b r e du château de V e r sailles, les premières c h a n s o n s sur la naissance de Mgr le D a u Phin, le 21 du mois d'octobre 1781 ». Sous la R é v o l u t i o n , ils deviennent les « c h a n t e u r s des Menus-plaisirs des Sans-culottes », et ils préviennent « les vrais républicains qu'ils se t r o u v e ront tous les jours aux T u i l e r i e s , soit sur la terrasse des Feuillans °u dans le jardin, depuis 5 heures du soir jusqu'à la nuit, p o u r la facilité d ' a p p r e n d r e les airs de leurs c h a n s o n s ». Enfin Beauchant chanta d'un gosier convaincu Bonaparte et les gloires de l'Empire. A côté de ces grandes célébrités de la rue, c'était encore tout i peuple d'astres de m o i n d r e éclat, chantres d'églises p o u r la Plupart à qui la T e r r e u r avait fait des loisirs, et d o n t certains noms ne sont pas tout à fait p e r d u s : Déduit, le T y r t é e du r u i s seau; Q u a t o r z e - O i g n o n s le c y n i q u e , dont la mise rappelait ^ i o g è n e ; Varlet « c h a n s o n n i e r et orateur du peuple dans les Places publiques », c o m m e l'appelle G o r s a s , et q u e les procèsVerbaux de la C o m m u n e signalent le 25 b r u m a i r e de l'an II, au sortir de prison, d e m a n d a n t l'autorisation d'établir sur les places une t r i b u n e d'où il puisse instruire le peuple ; D u v e r n y , c h a n t e u r , Poète et prestidigitateur, q u i réserva sa voix p o u r B o n a p a r t e ; Vidal et J a c q u e l i n , deux aveugles qui, gaillardement, mettaient eu exergue de leurs cahiers : « Si la n a t u r e n o u s a privés de la lumière, elle n o u s a indemnisés d ' u n e autre m a n i è r e » ; quelques femelles aussi c o m m e les citoyennes P a g n y et L o u i s o n , qui hurlaient des c h a n s o n s de toute férocité ; et les autres !

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1.Chroniquede Paris, février 1 7 9 2 ; — Archives nationales, F 3828. Rapport du 27 au 28 thermidor an IV. 2. Une3 circulaire du Bureau central, en date du 3 messidor an IV, dont jedois la connaissance à M. Bégis, le minutieux enquêteur de la période 7


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