Précis sur la colonisation des bords de la Mana à la Guyane française

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Lorsque le nouveau commandant des établissements de la Mana

1827 — 1828.

interrogea les chefs des deux autres familles sur les motifs de leur inconcevable apathie, ils lui répondirent q u e , dans ce pays, il était impossible, sans pain et sans v i n , de supporter les rudes travaux d e la campagne; q u e , d'ailleurs le soleil leur 1

donnait des fièvres qui épuisaient leurs forces . Plusieurs immigrants avaient e u en effet, sur la fin de 18 2 6 , des fièvres tierces qui avaient rendu quelques-uns d'eux assez gravement 2

malades , mais ils s'étaient tous rétablis, et, quoique leurs forces fussent un p e u diminuées, ils auraient pu sans inconvénient reprendre avec modération le travail de la terre. Ils n'en firent rien : les mauvaises herbes ne tardèrent point à envahir leurs plantations, et ils poussèrent même l'incurie jusqu'à laisser leurs bestiaux y paître en liberté. A u 1

er

jan-

vier 1828 , il ne leur restait plus pour leur subsistance que quelques touffes de bananiers mal entretenues et un peu de manioc; leurs troupeaux, il est vrai, avaient presque triplé du3

rant les trois années qui venaient de s'écouler ; mais il fallait encore beaucoup de temps avant qu'ils pussent songer à en tirer leur nourriture. Chaque jour leurs ressources alimentaires allaient en diminuant. A la fin, ils eurent recours, p o u r ne pas mourir de faim, à des moyens entièrement étrangers au but que le gouvernement s'était proposé en les transportant à la Mana : ils se livrèrent à la chasse et à la pêche ; ils ouvrirent ensuite des espèces de cantines, où ils vendaient à boire et à manger aux 1

Rapport

de M. Pameyer,

2

er

Rapport

du même, du 18 novembre

3

A cette é p o q u e , le n o m b r e des t a u r e a u x , v a c h e s , b œ u f s et veaux e x i s -

du I

juillet

1827. 4826,

tant au Port d e la N o u v e l l e - A n g o u l ê m e , était de 14G, dont 6 9 au g o u v e r n e ment , et 7 7 a u x immigrants ; les veaux entraient dans ce n o m b r e p o u r u n tiers environ. Rapports

de M. Pameyer,

er

des 1

juillet

er

1827 et 1

janvier

Ressources précaires auxquelles les familles Pageoz et Giboudeau ont recours pour subsister.


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