Voyages et travaux des missionnaires. Tome I

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D E LA G U Y A N E FRANÇAISE.

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qu'il en a m ê m e démonté quelques pièces. L e directeur se fâche ; il se plaint que j'expose soixante h o m m e s à périr, tant la m e r est mauvaise. Je d e m a n d e au c o m m a n d a n t quand il sera prêt. « D a n s deux heures. — E h bien ! je m e rendrai à bord. » Je pars en effet. Dieu disposait tout en faveur d u P. Boulongne. L e c o m m a n d a n t pouvait m'arrêter par u n seul m o t . L e gouverneur voulut savoir de lui s'il pouvait partir sans trop de danger. L e c o m m a n d a n t répondit affirmativem e n t , et pressa si bien son équipage, qu'à six heures nous sortions de la rade. Pendant que l'on faisait les préparatifs avec une grande activité, le c o m m a n d a n t se mit à m e prêcher. « L e P. Boulongne n'a pas besoin de se confesser..., c'est u n saint... ; d'ailleurs ne peut-il pas se confesser à Dieu, ou au premier venu ?... C o m m e n t faisons-nous, nous autres marins, qui s o m m e s toujours sur m e r ? Dernièrement j'ai jeté à l'eau quatre de m e s matelots, je les ai confessés m o i - m ê m e . — Mais vous ne leur avez pas donné l'absolution ? — Pourquoi pas ? Je les ai excités à la contrition, puis je leur ai dit d'avoir confiance en Dieu ; je crois qu'ils sont sauvés. Pourquoi le P . Boulongne ne serait-il pas sauvé de m ê m e ? — V o u s ne pouviez rien faire de plus ni les uns ni les a u tres ; je puis faire davantage pour le P. Boulongne ; je le dois. Je vous en prie, conduisez-moi àl'îlela M è r e en toute hâte. » Il se hâtait en effet.


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