Voyages et travaux des missionnaires. Tome I

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LETTRES DES

MISSIONNAIRES

continuel désir d'aller au ciel, u n e expansion de gaieté qui ravissait tous ceux qui le visitaient, au point que M. le gouverneur ne put s'empêcher de lui dire : « O h ! que vous êtes heureux, vous autres, vous n'avez pas peur de la mort ! Il n'en est point ainsi de nous. » U n e mort si admirable ne nous laisserait que de la consolation, si, au milieu de l'épidémie qui ne cesse point ses ravages, qui en fait m ê m e de très-grands à S a i n t - A u g u s t i n , elle n e nous mettait dans le plus grand embarras en augmentant notre disette d'ouvriers. Il en faudrait deux à Sainte - Marie ; car le P. Berriaud, qui dessert ce pénitencier, y est chargé de onze cent cinquante personnes, parmi lesquelles il y a cent trente malades, et d e plus doit aller chaque jour à Saint - Augustin, où sévit surtout la fièvre jaune, et faire trois quarts de lieue par eau, ce qui est extrêmem e n t gênant. J'ai tenu sa place durant treize jours ; j'ai eu vingt-trois décès. Trois fois je suis arrivé trop tard à Saint-Augustin, les malades étaient morts ; quatre autres, qui étaient fortement atteints, ayant refusé de se confesser au début de la maladie, parce qu'ils se faisaient illusion sur leur état, moururent aussi avant m o n retour. Q u e tout cela est désolant ! L e P. Dabbadie, au c o m m e n c e m e n t m ê m e de sa maladie, m'a désigné pour son successeur dans une lettre close, ainsi conçue : « D a n s le cas où je viendrais à être enlevé subitement par la fièvre jaune, c o m m e le


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